LÉO FERRÉ
La tristesse (1980)


LA TRISTEZA
Letra y música: Léo Ferré

La tristesse a jeté ses feux rue d'Amsterdam
Dans les yeux d'une fille accrochée aux pavés
Les gens qui s'en allaient dans ce Paris de flamme
Ne la regardaient plus, elle s'était pavée
La tristesse a changé d'hôtel et vit en face
Et la rue renversée dans ses yeux du malheur
Ne sait plus par quel bout se prendre et puis se casse
Au bout du boulevard comme un delta majeur

C'est un chat étendu comme un drap sur la route
C'est ce vieux qui s'en va doucement se casser
C'est la peur de t'entendre aux frontières du doute
C'est la mélancolie qu'a pris quelques années
C'est le chant du silence emprunté à l'automne
C'est les feuilles chaussant leurs lunettes d'hiver
C'est un chagrin passé qui prend le téléphone
C'est une flaque d'eau qui se prend pour la mer

La tristesse a passé la main et court encore
On la voit quelquefois traîner dans le quartier
Ou prendre ses quartiers de joie dans le drugstore
Où meurent des idées découpées en quartiers
La tristesse a planqué tes yeux dans les étoiles
Et te mêle au silence étoilé des années
Dont le regard lumière est voilé de ces voiles
Dont tu t'en vas drapant ton destin constellé

C'est cet enfant perdu au bout de mes caresses
C'est le sang de la terre avorté cette nuit
C'est le bruit de mes pas quand marche ta détresse
Et c'est l'imaginaire au coin de la folie
C'est ta gorge en allée de ce foulard de soie
C'est un soleil bâtard bon pour les rayons " X "
C'est la pension pour un dans un caveau pour trois
C'est un espoir perdu qui se cherche un préfixe

Le désespoir...

La tristeza ha prendido fuego en la calle Amsterdam(1)
En los ojos de una chica agarrada a los adoquines
La gente que pasaba por este París de ardor
Ya no la miraba, se había pavimentado.
La tristeza ha cambiado de hotel y vive enfrente
Y la calle volcada en sus ojos de desgracia
No sabe ya por donde agarrarse y se rompe
Al final del bulevar como un delta mayor.

Es un gato extendido como un paño en la carretera
Es ese viejo que se va suavemente a romperse
Es el miedo de oírte en las fronteras de la duda
Es la melancolía que se ha tomado algunos años
Es el canto del silencio tomado prestado al otoño
Es las hojas calzándose sus gafas de invierno
Es una tristeza pasada que coge el teléfono
Es un charco de agua que se cree el mar.

La tristeza ha pasado la mano y corre aún
Se la ve algunas veces callejeando por el barrio
O tomarse sus gajos de alegría en el drugstore
Donde mueren ideas cortadas en pedazos
La tristeza ha ocultado tus ojos en las estrellas
Y te mezcla con el silencio estrellado de los años
Cuya mirada-luz está velada con esos velos
Del que te vas cubriendo tu destino constelado.

Es este niño perdido al final de mis caricias
Es la sangre de la tierra abortada esta noche
Es el ruido de mis pasos cuando camina tu infortunio
Y es lo imaginario en el rincón de la locura
Es tu garganta oculta por este fular de seda
Es un sol bastardo bueno para los rayos “X”
Es la pensión para uno en un panteón para tres
Es una esperanza perdida que se busca un prefijo.

La desesperación…


(1) La calle Amsterdam de París arranca en la Place de Clichy, zona de espectáculos nocturnos y de prostitución.

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