LÉO FERRÉ
La solitude (1971)

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LA SOLEDAD
Letra y música: Léo Ferré

Je suis d'un autre pays que le vôtre,
d'un autre quartier, d'une autre solitude.
Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse.
Je ne suis plus de chez vous.
J'attends des mutants.
Biologiquement je m'arrange
avec l'idée que je me fais de la biologie:
je pisse, j'éjacule, je pleure.
Il est de toute première instance
que nous façonnions nos idées
comme s'il s'agissait d'objets manufacturés.
Je suis prêt à vous procurer les moules.
Mais...

La solitude...

Les moules sont d'une texture nouvelle,
je vous avertis.
Ils ont été coulés demain matin.
Si vous n'avez pas dès ce jour
le sentiment relatif de votre durée,
il est inutile de regarder devant vous
car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour.
Et...

La solitude...

Il est de toute première instance
que les laveries automatiques au coin des rues
soient aussi imperturbables
que les feux d'arrêt ou de voie libre.
Les flics du détersif vous indiqueront
la case où il vous sera loisible de laver
ce que vous croyez être votre conscience
et qui n'est qu'une depéndance
de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau.
Et pourtant...

La solitude...

Le désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur",
les mots que vous employez
n'étant plus "les mots"
mais une sorte de conduit à travers lequel
les analphabètes se font bonne conscience.
Mais...

La solitude...

Le Code civil nous en parlerons plus tard.
Pour le moment, je voudrais codifier l'incodifiable.
Je voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je voudrais m'insérer dans le vide absolu
et devenir le non-dit, le non-avenu,
le non-vierge par manque de lucidité.
La lucidité se tient dans mon froc.

Soy de un país distinto al vuestro,
de otro barrio, de otra soledad.
Hoy me invento atajos.
Ya no soy de vuestros lugares.
Espero mutantes.
Biológicamente me las apaño
con la idea que me hago de la biología:
meo, eyaculo, lloro.
Es de absoluta primera instancia
que demos forma a nuestras ideas
como si se tratase de objetos manufacturados.
Estoy dispuesto a proporcionaros los moldes.
Pero…

La soledad…

Los moldes son de una textura nueva,
os lo advierto.
Fueron vaciados mañana por la mañana.
Si no tenéis desde hoy
el sentimiento relativo de vuestra duración,
es inútil que miréis delante vuestro
ya que delante es detrás, la noche es el día.
Y…

La soledad…

Es de absoluta primera instancia
que las lavanderías automáticas de las esquinas
sean tan imperturbables
como los semáforos de parada y de vía libre.
Los polis del detergente os indicarán
la casilla en la que os será factible lavar
aquello que creéis que es vuestra conciencia
y que no es más que una dependencia
del ordenador neurófilo que os sirve de cerebro.
Y sin embargo…

La soledad…

La desesperación es una forma superior de la crítica.
De momento la llamaremos “felicidad”,
puesto que las palabras que empleáis
ya no son “las palabras”
sino una especie de conducto a través del cual
los analfabetos tranquilizan su conciencia.
Pero…

La soledad…

Del Código Civil hablaremos más tarde.
De momento, quisiera codificar lo incodificable.
Quisiera medir vuestras danaides(1) democracias.
Quisiera insertarme en el vacío absoluto
y convertirme en lo no-dicho, en lo no-acontecido,
lo no-virgen por falta de lucidez.
La lucidez está en mi pantalón.

(1) Danaide (mitología): Cada una de las 50 hijas de Danao, de las que 49 mataron a sus maridos la noche de bodas y fueron condenadas en el Hades a llenar de agua un tonel agujereado.

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