Les vieux ne parlent plus
ou alors seulement parfois
du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres,
ils n’ont plus d’illusions
et n’ont qu’un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym,
le propre, la lavande
et le verbe d’antan
Que l’on vive à Paris
on vit tous en province
quand on vit trop longtemps
Est-ce d’avoir trop ri
que leur voix se lézarde
quand ils parlent d’hier
Et d’avoir trop pleuré
que des larmes encore
leur perlent aux paupières
Et s’ils tremblent un peu
est-ce de voir vieillir
la pendule d’argent
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non,
qui dit : je vous attends
Les vieux ne rêvent plus,
leurs livres s’ensommeillent,
leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort,
le muscat du dimanche
ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus
leurs gestes ont trop de rides
leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre,
puis du lit au fauteuil
et puis du lit au lit
Et s’ils sortent encore
bras dessus bras dessous
tout habillés de raide
C’est pour suivre au soleil
l’enterrement d’un plus vieux,
l’enterrement d’une plus laide
Et le temps d’un sanglot,
oublier toute une heure
la pendule d’argent
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non,
et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas,
ils s’endorment un jour
et dorment trop longtemps
Ils se tiennent par la main,
ils ont peur de se perdre
et se perdent pourtant
Et l’autre reste là,
le meilleur ou le pire,
le doux ou le sévère
Cela n’importe pas,
celui des deux qui reste
se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être,
vous la verrez parfois
en pluie et en chagrin
Traverser le présent
en s’excusant déjà
de n’être pas plus loin
Et fuir devant vous
une dernière fois
la pendule d’argent
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non,
qui leur dit : je t’attends
Qui ronronne au salon,
qui dit oui qui dit non
et puis qui nous attend.
Los viejos ya no hablan
o en todo caso sólo a veces
con el rabillo del ojo.
Aunque sean ricos son pobres,
ya no tienen ilusiones
y sólo tienen un corazón para dos.
En su casa huele a tomillo,
a limpio, a lavanda
y a verbo de antes.
Aún viviendo en París
vivimos todos en provincias
cuando vivimos demasiado tiempo.
¿Es por haber reído demasiado
que su voz se agrieta
cuando hablan del ayer?
¿Y por haber llorado demasiado
que hay lágrimas todavía
que perlan sus mejillas?
Y si tiemblan un poco
¿es por ver envejecer
el péndulo de plata
que ronronea en el salón,
que dice sí, que dice no,
que dice: os espero?
Los viejos ya no sueñan,
sus libros se adormecen,
sus pianos están cerrados
El gatito está muerto,
el moscatel del domingo
ya no les hace cantar.
Los viejos ya no se mueven,
sus gestos tienen demasiadas arrugas,
su mundo es demasiado pequeño.
De la cama a la ventana,
luego de la cama al sofá
y luego de la cama a la cama.
Y si salen aún
cogidos del brazo,
vestidos de arrugas,
es para seguir bajo el sol
el entierro de uno más viejo,
el entierro de una más fea.
Y el tiempo de un sollozo
olvidar por una hora
el péndulo de plata
que ronronea en el salón,
que dice sí, que dice no,
y que les espera.
Los viejos no mueren,
se duermen un día
y duermen mucho tiempo.
Se cogen de la mano,
temen perderse
y se pierden no obstante.
Y el otro se queda ahí,
el mejor o el peor,
el dulce o el severo.
Eso no importa,
el que queda de los dos
se halla en el infierno.
Lo verás tal vez,
la verás a veces
lleno de lluvia y tristeza
atravesando el presente
excusándose ya
de no estar más lejos.
Y huir frente a ti
una última vez
del péndulo de plata
que ronronea en el salón,
que dice sí, que dice no,
que les dice: te espero.
Que ronronea en el salón,
que dice sí, que dice no,
y que nos espera.
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Nos amitiés sont en partance
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
La mort potence nos dulcinées
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les hommes pleurent les femmes pleuvent
J'arrive j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu'au soleil jusqu'à l'été
Jusqu'à demain jusqu'au printemps
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois voir si le fleuve
Est encore fleuve voir si le port
Est encore port m'y voir encore
J'arrive j'arrive
Mais pourquoi moi pourquoi maintenant
Pourquoi déjà et où aller
J'arrive bien sûr, j'arrive
N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
A chaque fois plus solitaire
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
A chaque fois surnuméraire
J'arrive j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois prendre un amour
Comme on prend le train pour plus être seul
Pour être ailleurs pour être bien
J'arrive j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois remplir d'étoiles
Un corps qui tremble et tomber mort
Brûlé d'amour le cœur en cendres
J'arrive j'arrive
C'est même pas toi qui est en avance
C'est déjà moi qui suis en retard
J'arrive, bien sûr j'arrive
N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
De crisantemos en crisantemos
nuestras amistades se van marchando
De crisantemos en crisantemos
la muerte ahorca a nuestras dulcineas
De crisantemos en crisantemos
las otras flores hacen lo que pueden
De crisantemos en crisantemos
los hombres lloran, las mujeres llueven
Ya llego, ya llego
pero cómo me hubiera gustado
una vez más arrastrar mis huesos
hasta el sol, hasta el verano
hasta mañana, hasta la primavera
Ya llego, ya llego
pero cómo me hubiera gustado
ver una vez más si el río
es aún río, ver si el puerto
es aún puerto, verme aún en él
Ya llego, ya llego
pero por qué yo, por qué ahora
por qué ya, y adónde ir
Ya llego, por supuesto que llego
¿Acaso hice nunca otra cosa que no fuera llegar?
De crisantemos en crisantemos
cada vez más solitario
De crisantemos en crisantemos
cada vez supernumerario
Ya llego, ya llego
pero cómo me hubiera gustado
Una vez más todavía tomar un amor
como se toma el tren para dejar de estar solo
para estar en otra parte, para estar bien
Ya llego, ya llego
pero cómo me hubiera gustado
una vez más aún llenar de estrellas
un cuerpo que tiembla y caerme muerto
quemado de amor, el corazón en cenizas
Ya llego, ya llego
No eres siquiera tú quien se adelanta
soy yo que ya voy tarde
Ya llego, por supuesto que llego
¿Acaso hice nunca otra cosa que no fuera llegar?
Mon Père disait
C'est le vent du Nord
Qui fait craquer les digues
A Scheveningen
A Scheveningen petit
Tellement fort
Qu'on ne sait plus qui navigue
La mer du Nord
Ou bien les digues
C'est le vent du Nord
Qui transperce les yeux
Des hommes du Nord
Jeunes ou vieux
Pour faire chanter
Des carillons de bleu
Venus du Nord
Au fond de leurs yeux
Mon Père disait
C'est le vent du Nord
Qui fait tourner la terre
Autour de Bruges
Autour de Bruges petit
C'est le vent du Nord
Qui a raboté la terre
Autour des tours
Des tours de Bruges
Et qui fait que nos filles
Ont le regard tranquille
Des vieilles villes
Des vieilles villes
Qui fait que nos belles
Ont le cheveu fragile
De nos dentelles
De nos dentelles
Mon Père disait
C'est le vent du Nord
Qui fait craquer la terre
Entre Zeebrugge
Entre Zeebrugge petit
C'est le vent du Nord
Qui a fait craquer la terre
Entre Zeebrugge
Et l'Angleterre
Et Londres n'est plus
Comme avant le déluge
Le point de Bruges
Narguant la mer
Londres n'est plus
Que le faubourg de Bruges
Perdu en mer
Perdu en mer
Mais mon Père disait
C'est le vent du Nord
Qui portera en terre
Mon corps sans âme
Et sans colère
C'est le vent du Nord
Qui portera en terre
Mon corps sans âme
Face à la mer
C'est le vent du Nord
Qui me fera capitaine
D'un brise-lames
Ou d'une baleine
C'est le vent du Nord
Qui me fera capitaine
D'un brise-larmes
Pour ceux que j'aime.
Mi padre decía
es el viento del norte
el que hace crujir los diques
en Scheveningen(1)
en Scheveningen, pequeño
tan fuerte
que no se sabe ya quién navega
si el Mar del Norte
o bien los diques.
Es el viento del norte
el que atraviesa los ojos
de los hombres del norte
jóvenes o viejos
para hacer cantar
carillones azules
venidos del norte
en el fondo de sus ojos.
Mi padre decía
es el viento del norte
el que hace girar la tierra
alrededor de Brujas(2)
alrededor de Brujas, pequeño
es el viento del norte
el que ha cepillado la tierra
alrededor de las torres
de las torres de Brujas
y el que hace que nuestras chicas
tengan la mirada tranquila
de las viejas ciudades
de las viejas ciudades
el que hace que nuestras bellas
tengan el pelo frágil
de nuestros encajes
de nuestros encajes.
Mi padre decía
es el viento del norte
el que hace crujir la tierra
entre Zeebrugge(3)
entre Zeebrugge, pequeño
es el viento del norte
el que ha hecho crujir la tierra
entre Zeebrugge
e Inglaterra
y Londres no es más
como antes del diluvio
el punto de Brujas
que desdeña el mar
Londres no es más
que el suburbio de Brujas
perdido en el mar
perdido en el mar.
Pero mi padre decía
es el viento del norte
el que llevará a tierra
mi cuerpo sin alma
y sin cólera
es el viento del norte
el que llevará a tierra
mi cuerpo sin alma
de cara al mar
es el viento del norte
el que me hará capitán
de un rompehielos
o de una ballena
es el viento del norte
el que me hará capitán
de un rompehielos
para aquellos que amo.
(1)Barrio y playa de La Haya (Países Bajos).
(2) Capital de la provincia de Flandes Occidental (Bélgica). Su nombre proviene del noruego antiguo "Bryggia" (puentes, muelles, atracaderos).
(3) Literalmente «Brujas del mar». Localidad costera de Bélgica, perteneciente a la ciudad de Brujas.
FERNAND Letra: Jacques Brel – Música: Gerard Jouannest
Dire que Fernand est mort
Dire qu'il est mort Fernand
Dire que je suis seul derrière
Dire qu'il est seul devant
Lui dans sa dernière bière
Moi dans mon brouillard
Lui dans son corbillard
Moi dans mon désert
Devant y a qu'un cheval blanc
Derrière y a que moi qui pleure
Dire qu' a même pas de vent
Pour agiter mes fleurs
Moi si j'étais l'Bon Dieu
Je crois qu'j'aurais des remords
Dire que maintenant il pleut
Dire que Fernand est mort
Dire qu'on traverse Paris
Dans le tout p'tit matin
Dire qu'on traverse Paris
Et qu'on dirait Berlin
Toi, toi, toi tu sais pas
Tu dors mais c'est triste à mourir
D'être obligé d'partir
Quand Paris dort encore
Moi je crève d'envie
De réveiller des gens
J't'inventerai une famille
Juste pour ton enterrement
Et puis si j'étais l'Bon Dieu
Je crois que je ne serais pas fier
Je sais on fait ce qu'on peut
Mais il y a la manière
Tu sais je reviendrai
Je reviendrai souvent
Dans ce putain de champ
Où tu dois te reposer
L'été je ferai de l'ombre
On boira du silence
À la santé d'Constance
Qui se fout bien d'ton ombre
Et puis les adultes sont tellement cons
Qu'ils nous feront bien une guerre
Alors je viendrai pour de bon
Dormir dans ton cimetière
Et maintenant bon Dieu
Tu as bien rigolé
Et maintenant bon Dieu
Et maintenant j'vais pleurer
Decir que Fernand ha muerto
decir que ha muerto Fernand
decir que yo estoy solo detrás
decir que el está solo delante.
Él en su última caja(1)
yo en mi niebla
él en su coche fúnebre
yo en mi desierto.
Delante solo hay un caballo blanco
detrás solo estoy yo llorando
decir que no hay siquiera viento
para agitar mis flores.
Si yo fuera el Buen Dios
creo que tendría remordimientos…
Decir que ahora llueve
decir que Fernand ha muerto.
Decir que atravesamos París
en la madrugada
decir que atravesamos París
y que se diría Berlín.
Tú, tú, tú no sabes
tú duermes, pero es triste a morir
el estar obligado a marcharse
cuando París todavía duerme.
Me muero de ganas
de despertar a gente
te inventaré una familia
justo para tu entierro.
Y luego, si yo fuera el Buen Dios
creo que no me sentiría orgulloso
ya sé, uno hace lo que se puede
pero hay maneras.
Sabes, regresaré
regresaré a menudo
a este jodido campo
donde debes descansar
en verano haré sombra
beberemos silencio
a la salud de Constance
que se la suda tu sombra.
Y luego, los adultos san tan idiotas
que nos montarán una guerra
entonces vendré para siempre
a dormir a tu cementerio.
Y ahora Buen Dios
ya te has reído a gusto.
Y ahora Buen Dios
ahora, voy a llorar.
Una de las 5 últimas canciones escritas por Brel poco antes de su muerte, en 1977.
Cantada casi a capella, fue dada a conocer al público en 2003.
SIN EXIGENCIAS
Letra y música: Jacques Brel
Je n'étais plus que son amant
Je vivais bien de temps en temps
Mais peu à peu de moins en moins
Je blasphémais ma dernière chance
Au fil de son indifférence
J'en voulais faire mon seul témoin
Mais j'ai dû manquer d'impudence
Car me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins
Je protégeais ses moindres pas
Je passais mais ne pesais pas
Je me trouvais bien de la chance
A vivre à deux ma solitude
Puis je devins son habitude
Je devins celui qui revient
Lorsqu'elle revenait de partance
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins
L'eau chaude n'a jamais mordu
Mais on ne peut que s'y baigner
Et elle ne peut de plus en plus
Que refroidir et reprocher
Qu'on ne soit pas assez au soleil
L'eau chaude à l'eau chaude est pareille
Elle confond faiblesse et patience
Et me voyant sans exigences
Elle me voulait sans merveilles
De mal à seul, j'eus mal à deux
J'en suis venu à prier Dieu
Mais on sait bien qu'il est trop vieux
Et qu'il n'est plus maître de rien
Il eût fallu que j'arrogance
Alors que tremblant d'indulgence
Mon coeur n'osât lever la main
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins
Elle est partie comme s'en vont
Ces oiseaux-là dont on découvre
Après avoir aimé leurs bonds
Que le jour où leurs ailes s'ouvrent
Ils s'ennuyaient entre nos mains
Elle est partie comme en vacances
Depuis le ciel est un peu lourd
Et je me meurs d'indifférence
Et elle croit se couvrir d'amour.
Yo era ya tan solo su amante
Vivía bien de vez en cuando
Pero poco a poco cada vez menos
Blasfemaba mi última oportunidad
Al hilo de su indiferencia
Quería que fuera mi único testigo
Pero debió faltarme imprudencia
Pues viéndome sin exigencias
Ella me creía sin necesidades.
Protegía su mínimo paso
Yo pasaba pero no pesaba
Me consideraba afortunado
De vivir en pareja mi soledad
Luego me convertí en su costumbre
Me convertí en el que regresa
Cuando ella regresaba de sus vuelos
Y viéndome sin exigencias
Ella me creía sin necesidades
El agua caliente nunca ha mordido
Pero en ella sólo puedes bañarte
Y solo puede, más y más cada vez,
Enfriarse y reprochar
Que no estemos lo bastante al sol
El agua caliente es igual a sí misma
Confunde debilidad y paciencia
Y viéndome sin exigencias
Ella me quería sin maravillas
De pasarlo mal solo lo pasé mal en pareja
Llegué a rogarle a Dios
Pero ya se sabe que es demasiado viejo
Y que ya no es maestro de nada
Me hubiera hecho falta arrogancia
Pero, temblando de indulgencia,
Mi corazón no osaba levantar la mano
Y viéndome sin exigencias
Ella me creía sin necesidades
Se marchó como se van
Esos pájaros en los que descubres
Tras haber amado sus brincos
Que, el día en que se abren sus alas,
Se aburrían en nuestras manos
Se marchó como de vacaciones
Desde entonces el cielo está un poco gris
Y yo me muero de indiferencia
Y ella cree cubrirse de amor.
VER A UN AMIGO LLORANDO
Letra y música: Jacques Brel
Bien sûr il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr tout ce manque de tendre
Et il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur vous monte au nez
Bien sûr on marche sur les fleurs
Mais mais voir un ami pleurer
Bien sûr il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Le corps incline déjà la tête
Étonné d'être encore debout
Bien sûr les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr nos coeurs perdent leurs ailes
Mais mais voir un ami pleurer
Bien sûr ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr le temps qui va trop vite
Ces métros remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais mais voir un ami pleurer
Bien sûr nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juif
Ni l'élégance d'être nègre
On se croit mèche on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonné
Que par amour ils nous lacèrent
Mais mais voir un ami pleurer.
Por supuesto están las guerras de Irlanda
y las comunidades sin música
por supuesto toda esta falta de ternura
y ya no hay Américas.
Por supuesto el dinero no tiene olor
pero no tiene olor se te sube a la nariz.
Por supuesto se pisotean las flores
pero, ver a un amigo llorando…
Por supuesto están nuestras derrotas
y luego la muerte que está al final,
el cuerpo inclina ya la cabeza
asombrado de estar aún en pie.
Por supuesto las mujeres infieles
y los pájaros asesinados,
por supuesto los corazones pierden sus alas
pero, ver a un amigo llorando…
Por supuesto esas ciudades agotadas
por esos niños de cincuenta años
nuestra impotencia para ayudarlos
y nuestros amores con dolor de muelas.
Por supuesto el tiempo que corre demasiado,
esos metros llenos de ahogados,
la verdad que nos evita
pero, ver a un amigo llorando…
Por supuesto nuestros espejos están íntegros,
ni la valentía de ser judío
ni la elegancia de ser negro,
nos creemos mecha, no nomos más que sebo.
Y todos esos hombres que son nuestros hermanos
tanto que ya no nos asombra
que por amor nos laceren,
pero, ver a un amigo llorando…
Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grands-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laisse au visage un teint de cendre
Oui, notre Monsieur oui notre bon Maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincu
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux yeux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui notre bon Maître oui notre Monsieur
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelques sabreurs
Qui exigeaient du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couvert de prêtres oui notre Monsieur
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps du souffle d'un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Estaban estropeados a los quince años,
acababan cuando empezaban.
Los doce meses se llamaban diciembre.
¿Qué vida tuvieron nuestros abuelos
entre la absenta y las misas mayores?
Eran viejos antes de ser.
Quince horas al día, el cuerpo deja
deja en el rostro un tinte de ceniza.
Sí, señor nuestro, sí buen maestro
¿Por qué mataron a Jaurès?
¿Por qué mataron a Jaurès?
No puede decirse que fueron esclavos,
pero de ahí a decir que vivieron…
Cuando se parte tan vencido
es duro salir del enclave.
Y sin embargo la esperanza florecía
en los sueños que afloraban en los ojos
de aquellos que rehusaban
arrastrarse hasta la vejez.
Sí, buen maestro, sí señor nuestro
¿Por qué mataron a Jaurès?
¿Por qué mataron a Jaurès?
Si por desgracia sobrevivían
era para ir a la guerra,
era para acabar en la guerra
a las órdenes de unos espadachines
que exigían con la boca pequeña
que fueran a abrir en el campo del horror
sus veinte años que no habían podido nacer
y morían a pleno miedo
totalmente miserables, sí buen maestro,
cubiertos de sacerdotes, sí señor nuestro.
Pregúntate, hermosa juventud,
el tiempo de la sombra de un recuerdo,
el tiempo del soplo de un suspiro,
¿Por qué mataron a Jaurès?
¿Por qué mataron a Jaurès?
Mon enfance passa
De grisailles en silences
De fausses révérences
En manque de batailles
L'hiver j'étais au ventre
De la grande maison
Qui avait jeté l'ancre
Au nord parmi les joncs
L'été à moitié nu
Mais tout à fait modeste
Je devenais indien
Pourtant déjà certain
Que mes oncles repus
M'avaient volé le Far West
Mon enfance passa
Les femmes aux cuisines
Où je rêvais de Chine
Vieillissaient en repas
Les hommes au fromage
S'enveloppaient de tabac
Flamands taiseux et sages
Et ne me savaient pas
Moi qui toutes les nuits
Agenouillé pour rien
Arpégeais mon chagrin
Au pied du trop grand lit
Je voulais prendre un train
Que je n'ai jamais pris.
Mon enfance passa
De servante en servante
Je m'étonnais déjà
Qu'elles ne fussent point plantes
Je m'étonnais encore
De ces ronds de famille
Flânant de mort en mort
Et que le deuil habille
Je m'étonnais surtout
D'être de ce troupeau
Qui m'apprenait à pleurer
Que je connaissais trop
J'avais L'œil du berger
Mais le cœur de l'agneau.
Mon enfance éclata
Ce fut l'adolescence
Et le mur du silence
Un matin se brisa
Ce fut la première fleur
Et la première fille
La première gentille
Et la première peur
Je volais je le jure
Je jure que je volais
Mon cœur ouvrait les bras
Je n'étais plus barbare
Et la guerre arriva.
Et nous voilà ce soir.
Mi infancia pasó
de grisuras en silencios
en falsas reverencias
en ausencia de batallas
En invierno estaba en el vientre
de la gran casa
que había echado el ancla
en el norte, entre los juncos
En verano, medio desnudo
pero lleno de modestia
yo me volvía indio
a pesar de la certeza
de que mis tíos, ahítos
me habían robado el Far West.
Mi infancia pasó
con las mujeres en la cocina
donde yo soñaba con la China
Envejecían en comida
los hombres del queso
se envolvían en tabaco
flamencos, parcos y prudentes
y a mí me ignoraban
Yo, que todas las noches
arrodillado para nada
arpegiaba mi tristeza
al pie de mi cama demasiado grande
Quería tomar un tren
que no he tomado jamás.
Mi infancia pasó
de criada en criada
yo me sorprendía ya
de que no fueran plantas
y todavía me sorprendía
de esos grupos familiares
vagando de muerto en muerto
y a los que la muerte viste
Me sorprendía sobre todo
de ser de ese rebaño
que me enseñaba a llorar
que yo conocía demasiado
Yo tenía la mirada del pastor
Pero el corazón del cordero.
Mi infancia estalló
llegó la adolescencia
y el muro de silencio
se rompió una mañana
Fue la primera flor
y la primera chica
la primera amable
y el primer temor
Yo volaba, lo juro
juro que volaba
mi corazón se abría de brazos
ya no era un bárbaro…
Y la guerra llegó.
Ne me quitte pas
Il faut oublier
Tout peut s'oublier
Qui s'enfuit déjà
Oublier le temps
Des malentendus
Et le temps perdu
A savoir comment
Oublier ces heures
Qui tuaient parfois
A coups de pourquoi
Le coeur du bonheur
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Moi je t'offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas
Je creuserai la terre
Jusqu'après ma mort
Pour couvrir ton corps
D'or et de lumière
Je ferai un domaine
Où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi
Où tu seras reine
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Je t'inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras
Je te parlerai
De ces amants là
Qui ont vu deux fois
Leurs coeurs s'embraser
Je te raconterai
L'histoire de ce roi
Mort de n'avoir pas
Pu te rencontrer
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
On a vu souvent
Rejaillir le feu
D'un ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Et quand vient le soir
Pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s'épousent-ils pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
A te regarder
Danser et sourire
Et à t'écouter
Chanter et puis rire
Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
No me dejes
Hay que olvidar
Todo puede olvidarse
Lo que ya se fue
Olvidar el tiempo
De los malentendidos
Y el tiempo perdido
A saber cómo
Olvidar esas horas
Que mataban a veces
A golpes de porqué
El corazón de la felicidad
No me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
Te regalaré
Perlas de lluvia
Traídas de un país
Donde no llueve
Cavaré la tierra
Hasta después de mi muerte
Para cubrir tu cuerpo
De oro y de luz
Haré un dominio
Donde el amor será rey
Donde el amor será ley
Donde tú serás reina
No me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
Te inventaré
Palabras imposibles
Que tú comprenderás
Te hablaré
De esos amantes
Que vieron dos veces
Abrasarse sus corazones
Te contaré
La historia de ese rey
Que murió por no haber
Podido encontrarte
No me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
A menudo se ha visto
Reavivarse el fuego
De un viejo volcán
Que se creía demasiado viejo
Hay, parece ser
Tierras quemadas
Que dan más trigo
Que el mejor de los abriles
Y cuando cae la noche
Para que se ilumine el cielo
El rojo y el negro
¿Acaso no se abrazan?
No me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
Dejaré de llorar
Dejaré de hablar
Me esconderé ahí
Para mirarte
Bailar y sonreír
Y para escucharte
Cantar y reír
Déjame ser
La sombra de tu sombra
La sombra de tu mano
La sombra de tu perro
Pero no me dejes
No me dejes
No me dejes
No me dejes
CUANDO NO HAY MÁS QUE AMOR
Letra y música: Jacques Brel
Quand on n'a que l'amour
A s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour
Quand on n'a que l'amour
Mon amour toi et moi
Pour qu'éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours
Quand on n'a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
Quand on n'a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours
Quand on n'a que l'amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours
Quand on n'a que l'amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour
Quand on n'a que l'amour
A offrir à ceux-là
Dont l'unique combat
Est de chercher le jour
Quand on n'a que l'amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour
Quand on n'a que l'amour
Pour parler aux canons
Et rien qu'une chanson
Pour convaincre un tambour
Alors sans avoir rien
Que la force d'aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier.
Cuando no hay más que amor
Como regalo que compartir
El día del gran viaje
Que es nuestro gran amor
Cuando no hay más que amor
Mi amor tú y yo
Para que estallen de alegría
Cada hora y cada día
Cuando no hay más que amor
Para vivir nuestras promesas
Sin ninguna otra riqueza
Que el creer siempre en ellas
Cuando no hay más que amor
Para amueblar de maravillas
Y cubrir de sol
La fealdad de los suburbios
Cuando no hay más que amor
Como única razón
Como única canción
Y único auxilio
Cuando no hay más que amor
Para vestir por la mañana
A pobres y malandrines
Con abrigos de terciopelo
Cuando no hay más que amor
Para ofrecer como plegaria
Por los males de la tierra
Como simple trovador
Cuando no hay más que amor
Para ofrecer a aquellos
Cuyo único combate
Es buscar la luz
Cuando no hay más que amor
Para trazar un camino
Y forzar el destino
A cada encrucijada
Cuando no hay más que amor
Para hablar a los cañones
Y tan solo una canción
Para convencer a un tambor
Entonces, sin tener nada más
Que la fuerza de amar
Tendremos en nuestras manos
Amigos, el mundo entero
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le coeur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdarn
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam.
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que cantan
Los sueños que los persiguen
A lo ancho de Ámsterdam
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que duermen
Como oriflamas
A lo largo de las orillas taciturnas
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que mueren
Llenos de cerveza y de dramas
Con los primeros resplandores
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que nacen
En el calor espeso
De lánguidos océanos
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que comen
En manteles demasiado blancos
Peces chorreantes
Te enseñan unos dientes
Para mordisquear la fortuna
Para menguar la luna
Para papear obenques
Y huele a bacalao
Hasta dentro de las papas fritas
Que sus gruesas manos invitan
A regresar por más
Luego se levantan gritando
Con un ruido de tormenta
Se cierran la bragueta
Y salen eructando
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que bailan
Frotándose la panza
Contra la panza de las mujeres
Y giran y bailan
Como soles escupidos
Al son desgarrado
De un acordeón rancio
Tuercen el cuello
Para mejor escucharse reír
Hasta que de golpe
El acordeón expira
Entonces con el gesto grave
Entonces con la mirada orgullosa
Llevan a su holandesa
A plena luz
En el puerto de Ámsterdam
Hay marineros que beben
Que beben y que beben
Y que siguen bebiendo
Beben a la salud
De las putas de Ámsterdam
De Hamburgo o de cualquier parte
En fin, beben por las damas
Que les entregan su bonito cuerpo
Que les entregan su virtud
Por una moneda de oro
Y cuando ya han bebido bien
Se plantan con la nariz hacia el cielo
Se suenan con las estrellas
Y se mean como yo lloro
Sobre las mujeres infieles
En el puerto de Ámsterdam
En el puerto de Ámsterdam
LA BÚSQUEDA
Canción perteneciente a la adaptación del musical The Man of La Mancha, de Mitch Leigh y Joe Darion
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.
Soñar un imposible sueño
Acarrear la tristeza de las partidas
Arder de una imposible fiebre
Partir a donde nadie parte
Amar hasta el desgarro
Amar, incluso demasiado, incluso mal
Intentar, sin fuerza y sin armadura,
Alcanzar la inaccesible estrella
Tal es mi búsqueda
Seguir la estrella
Poco me importan mis posibilidades
Poco me importa el tiempo
O mi desesperación
Y luego luchar siempre
Sin preguntas ni descanso
Condenarse
Por el oro de una palabra de amor
Yo no sé si seré ese héroe
Pero mi corazón estaría tranquilo
Y las ciudades se salpicarían de azul
Porque un desdichado
Arde aún, aun habiendo ardido entero
Arde aún, incuso demasiado, incluso mal
Para alcanzar haciéndose pedazos
Para alcanzar la inaccesible estrella.
LA CANCIÓN DE LOS VIEJOS AMANTES
Letra y música: Jacques Brel
Bien sûr nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour c'est l'amour folle
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête
Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime
Moi je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes
O mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime
Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau
Mais c'est toujours la tendre guerre
O mon amour...
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime.
Por supuesto que tuvimos tormentas
Veinte años de amor es el amor loco
Mil veces hiciste tus maletas
Mil veces yo levanté el vuelo
Y cada mueble se acuerda
En esta cama sin cuna
De los estallidos de las viejas tempestades
Ya nada se parecía a nada
Tú habías perdido el gusto por lo simple
Y yo el de la conquista
Pero mi amor
Mi dulce mi tierno mi maravilloso amor
De alba clara hasta el fin del día
Te amo aún, sabes, te amo
Yo conozco todos tus sortilegios
Tú conoces todos mis embrujos
Tú me conservaste de trampa en trampa
Yo te perdí de tiempo en tiempo
Por supuesto tuviste algunos amantes
Había que pasar el tiempo
Es preciso que el cuerpo exulte
Finalmente finalmente
Nos hizo falta mucho talento
Para ser viejos sin ser adultos
Oh mi amor
Mi dulce mi tierno mi maravilloso amor
De alba clara hasta el fin del día
Te amo aún, sabes, te amo
Y cuanto más nos corteja el tiempo
Más el tiempo nos atormenta
Pero ¿no es el vivir en paz
La peor trampa para los amantes?
Por supuesto tú lloras un poco menos pronto
Yo me desgarro un poco más tarde
Protegemos menos nuestros misterios
Dejamos menos hacer al azar
Desconfiamos del curso de las cosas
Pero sigue siendo la tierna guerra
Oh mi amor
Mi dulce mi tierno mi maravilloso amor
De alba clara hasta el fin del día
Te amo aún, sabes, te amo.
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c'est périssable
Puis les bonbons c'est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Mais je vous ai apporté des bonbons
J'espère qu'on pourra se promener
Que Madame votre mère ne dira rien
On ira voir passer les trains
A huit heures moi je vous ramènerai
Quel beau dimanche allez pour la saison
Je vous ai apporté des bonbons
Si vous saviez ce que je suis fier
De vous voir pendue à mon bras
Les gens me regardent de travers
Y en a même qui rient derrière moi
Le monde est plein de polissons
Je vous ai apporté des bonbons
Oh! oui! Germaine est moins bien que vous
Oh oui! Germaine elle est moins belle
C'est vrai que Germaine a des cheveux roux
C'est vrai que Germaine elle est cruelle
Ça vous avez mille fois raison
Je vous ai apporté des bonbons
Et nous voilà sur la grande place
Sur le kiosque on joue Mozart
Mais dites-moi que c'est par hasard
Qu'il y a là votre ami Léon
Si vous voulez que je cède la place
J'avais apporté des bonbons...
Mais bonjour Mademoiselle Germaine
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c'est périssable
Puis les bonbons c'est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Allez je vous ai apporté des bonbons
Le he traído unos caramelos
Porque las flores son perecederas
Y además los caramelos son tan buenos
Aunque las flores tengan mayor presencia
Sobre todo cuando están en capullo
Le he traído unos caramelos.
Espero que podremos ir a pasear
Que su señora madre no dirá nada
Iremos ver pasar los trenes
A las ocho la acompañaré a casa
Qué bonito domingo de temporada
Le he traído unos caramelos.
Si supiera qué feliz soy
Al verla cogida de mi brazo
Las gente me mira de reojo
Los hay que incluso se ríen detrás de mí
El mundo está lleno de bribonzuelos
Le he traído unos caramelos.
¡Oh! ¡Sí! Germaine no está tan bien como usted
¡Oh! ¡Sí! Germaine es menos bonita
Es cierto que Germaine es pelirroja
Es cierto que Germaine es cruel
En eso tiene usted mil veces razón
Le he traído unos caramelos.
Y aquí estamos, en la Grande Place (1)
En el templete tocan Mozart
Pero, dígame que es por casualidad
Que está ahí su primo Léon
Si quiere usted que le ceda mi sitio
Le había traído unos caramelos…
Pero… Buenos días señorita Germaine
Le he traído unos caramelos
Porque las flores son perecederas
Y además los caramelos son tan buenos
Aunque las flores tengan mayor presencia
Sobre todo cuando están en capullo
Le he traído unos caramelos….
(1) Plaza central de Bruselas, considerada una de las más bellas del mundo.
Je viens rechercher mes bonbons
Vois-tu Germaine j'ai eu trop mal
Quand tu m'as fait cette réflexion
Au sujet de mes cheveux longs
C'est la rupture bête et brutale
Je viens rechercher mes bonbons
Maintenant je suis un autre garçon
J'habite à l'hôtel George-V
J'ai perdu l'accent bruxellois
D'ailleurs plus personne n'a cet accent-là
Sauf Brel à la télévision
Je viens rechercher mes bonbons
Quand père m'agace moi
Je lui fais zop
Je traite ma mère de névropathe
Faut dire que père est vachement bath
Alors que mère est un peu snob
Mais enfin tout ça c'est le conflit des générations
Je viens rechercher mes bonbons
Et tous les samedis soir que je peux
Germaine j'écoute pousser mes cheveux
Je fais "glouglou" je fais "miam miam"
Je défile criant "Paix au Vietnam"
Parce qu'enfin enfin donc j'ai mes opinions
Je viens rechercher mes bonbons
Oh mais ça c'est votre jeune frère
mademoiselle Germaine
C'est celui qu'est flamingant…
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c'est périssable
Puis les bonbons c'est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Je vous ai apporté des bonbons…
Vengo a buscar mis caramelos
Sabes Germaine, me dolió
Cuando me hiciste esa reflexión
Respecto a mi pelo largo
Es la ruptura tonta y brutal
Vengo a buscar mis caramelos
Ahora soy otro tipo
Vivo en el Hotel George V
He perdido el acento bruselense
Por otra parte ya nadie tiene ese acento
Salvo Brel en la televisión
Vengo a buscar mis caramelos
Cuando mi padre me irrita yo
Le hago ¡zop!
Trato a mi madre de neuropática
Hay que decir que papá es tope guay
Mientras que mamá es un poco snob
Pero en fin, todo eso es el conflicto generacional
Vengo a buscar mis caramelos
Y los sábados por la noche que puedo
Germaine, escucho crecer mis cabellos
Hago “gluglú”, hago “ñam ñam”
Desfilo gritando “Paz en Vietnam”
Porque después de todo tengo mis propias opiniones
Vengo a buscar mis caramelos
¡Oh! Pero si ese es su joven hermano
señorita Germaine
El que es flamenco…
Le he traído unos caramelos
Porque las flores son perecederas
Y además los caramelos son tan buenos
Aunque las flores tengan mayor presencia
Sobre todo cuando están en capullo
Le he traído unos caramelos…
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire,
quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.
Con el Mar del Norte como último descampado
Y olas de dunas para detener las olas
Y lejanas rocas que las mareas rebasan
Y que tienen por siempre el corazón en marea baja
Con infinitas brumas por venir
Con el viento del Este escuchadlo aguantar
El país llano que es el mío
Con catedrales por únicas montañas
Y negros campanarios como palos de cucaña
Donde diablos de piedra descuelgan las nubes
Con el paso de los días por único viaje
Y caminos de lluvia por único buenas tardes
Con el viento del Oeste escuchadlo anhelar
El país llano que es el mío
Con un cielo tan bajo que un canal se ha perdido
Con un cielo tan bajo que es todo humildad
Con un cielo tan gris que un canal se ha colgado
Con un cielo tan gris que hay que perdonárselo
Con el viento del Norte que viene a descuartizarse
Con el viento del Norte escuchadlo desgarrarse
El país llano que es el mío
Con Italia que descendería por el Escaut(1)
Con Frida la rubia cuando se vuelve Margot
Cuando los hijos de noviembre regresan en mayo
Cuando el valle humea y tiembla en julio
Cuando el viento está en la risa,
cuando el viento está en el trigo
Cuando el viento está en el Sur, escucharlo cantar
El país llano que es el mío
(1) Río que atraviesa Francia, Bélgica y los Países Bajos
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et la nuit peu à peu
Et le temps arrêté
Et mon cheval boueux
Et mon corps fatigué
Et la nuit bleu à bleu
Et l'eau d'une fontaine
Et quelques cris de haine
Versés par quelques vieux
Sur de plus vieilles qu'eux
Dont le corps s'ensommeille
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et mon cheval qui boit
Et moi qui le regarde
Et ma soif qui prend garde
Qu'elle ne se voie pas
Et la fontaine chante
Et la fatigue plante
Son couteau dans mes reins
Et je fais celui-là
Qui est son souverain
On m'attend quelque part
Comme on attend le roi
Mais on ne m'attend point
Je sais depuis déjà
Que l'on meurt de hasard
En allongeant le pas
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Il est vrai que parfois
Près du soir les oiseaux
Ressemblent à des vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots
Il est vrai que souvent
La mer se désenchante
Je veux dire en cela
Qu'elle chante d'autres chants
Que ceux que la mer chante
Dans les livres d'enfants
Mais les femmes toujours
Ne ressemblent qu'aux femmes
Et d'entre elles les connes
Ne ressemblent qu'aux connes
Et je ne suis pas bien sûr
Comme chante un certain
Qu'elles soient l'avenir de l'homme
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et vous êtes passée
Demoiselle inconnue
A deux doigts d'être nue
Sous le lin qui dansait.
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
En el agua, río arriba
Brillaba un pedazo de cielo
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
Y la noche poco a poco
Y el tiempo detenido
Y mi caballo fangoso
Y mi cuerpo cansado
Y la noche azul a azul
Y el agua de una fuente
Y algunos gritos de odio
Proferidos por algunos viejos
Contra las más viejas que ellos
Cuyo cuerpo se adormece
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
En el agua, río arriba
Brillaba un pedazo de cielo
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
Y mi caballo que bebe
Y yo que lo miro
Y mi sed que procura
No dejarse ver
Y la fuente canta
Y el cansancio clava
Su cuchillo en mi costado
Y yo hago como que
Soy su soberano
Me esperan en alguna parte
Como se espera al rey
Pero ya nadie me espera
Sé desde ahora
Que uno muere de azar
Alargando el paso
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
En el agua, río arriba
Brillaba un pedazo de cielo
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
Es cierto que a veces
Al caer la tarde los pájaros
Se parecen a las olas
Y las olas a los pájaros
Y los hombres a las risas
Y las risas a los sollozos
Es cierto que a menudo
El mar se desencanta
Quiero decir con eso
Que canta otros cantos
Que los que el mar canta
En los libros infantiles
Pero las mujeres siempre
Se parecen solo a las mujeres
Y de entre ellas las idiotas
Se parecen solo a las idiotas
Y no estoy muy seguro
Como cantaba un fulano
Que ellas sean el futuro del hombre (1)
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
En el agua, río arriba
Brillaba un pedazo de cielo
La ciudad se dormía
Y olvido su nombre
Y tú pasaste
Señorita desconocida
A dos dedos de estar desnuda
Bajo el lino que bailaba.
(1) Alusión a la canción de Jean Ferrat
“La femme est l’avenir de l'homme”
(La mujer es el futuro del hombre). [Clic aquí para ir >>>]
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
La pluie les a soudés
Semble-t-il l'un à l'autre
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Il doit lui dire je t'aime
Elle doit lui dire je t'aime
Je crois qu'ils sont en train
De ne rien se promettre
Ces deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et brusquement il pleure
Il pleure à gros bouillons
Tout entourés qu'ils sont
D'adipeux en sueur
Et de bouffeurs d'espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L'exploit de les juger
La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste
Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud
Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux
Tout à l'heure c'était lui
Lorsque je disais "il"
Tout encastrés qu'ils sont
Ils n'entendent plus rien
Que les sanglots de l'autre
Et puis
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement
Ces deux corps se séparent
Et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Il consomme l'adieu
Il bave quelques mots
Agite une vague main
Et brusquement il fuit
Fuit sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste
Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
Et elle elle reste là
Coeur en croix bouche ouverte
Sans un cri sans un mot
Elle connaît sa mort
Elle vient de la croiser
Voilà qu'elle se retourne
Et se retourne encore
Ses bras vont jusqu'à terre
Ça y est elle a mille ans
La porte est refermée
La voilà sans lumière
Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu'elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là elle perd l'amour
L'amour le lui a dit
Revoilà l'inutile
Elle vivra de projets
Qui ne feront qu'attendre
La revoilà fragile
Avant que d'être à vendre
Je suis là je la suis
Je n'ose rien pour elle
Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit.
Hay más de dos mil
Y yo veo solo a los dos
La lluvia los ha soldado
Se diría el uno al otro
Hay más de dos mil
Y yo veo solo a los dos
Y los veo hablar
Él debe de decirle te amo
Ella debe de decirle te amo
Creo que no están
Prometiéndose nada
Están demasiado delgados
Como para ser deshonestos
Hay más de dos mil
Y yo veo solo a los dos
Y bruscamente él llora
Llora a borbotones
Rodeados como están
De adiposos sudados
Y de devoradores de esperanza
Que los apuntan con la nariz
Pero esos dos desgarrados
Embebidos de tristeza
Abandonan a los perros
La hazaña de juzgarlos
La vida no regala nada
Y por Dios que triste es
Orly el domingo
Con o sin Bécaud(2)
Y ahora lloran
Quiero decir los dos
Antes era él
Cuando decía “il” (3)
Encajados como están
No oyen nada más
Que los sollozos del otro
Y luego
Y luego infinitamente
Como dos cuerpos que rezan
Infinitamente lentamente
Esos dos cuerpos se separan
Y al separarse
Esos dos cuerpos se desgarran
Y os juro que gritan
Y luego se retoman
Vuelven a ser uno
Vuelven a ser fuego
Y luego vuelven a desgarrarse
Se aguantan la mirada
Y luego retrocediendo
Como el mar se retira
Él consuma el adiós
Babea algunas palabras
Agita en vago una mano
Y bruscamente huye
Huye sin volverse
Y luego desaparece
Tragado por la escalera
La vida no regala nada
Y por Dios que triste es
Orly el domingo
Con o sin Bécaud
Y luego desaparece
Tragado por la escalera
Y ella se queda ahí
El corazón en un puño la boca abierta
Sin un grito sin una palabra
Conoce a su muerte
Acaba de cruzársela
Se da la vuelta
Y se da la vuelta aún
Sus brazos caen fláccidos
Ya está tiene mil años
La puerta se ha cerrado
Hela ahí sin luz
Gira sobre sí misma
Sabiendo ya
Que girará por siempre
Ha perdido otros hombres
Pero esta vez pierde el amor
El amor le ha dicho
Aquí vuelve lo inútil
Vivirá de proyectos
Que no harán más que esperar
Hela ahí de nuevo frágil
Antes de estar en venta
Yo estoy ahí, la sigo
No me atrevo a hacer nada por ella
A quien la muchedumbre mordisquea
Como una fruta cualquiera.
(1) Aeropuerto de París.
(2) Gilbert Bécaud, quien intérprete “Dimanche à Orly” (“Domingo en Orly”).[Clic aquí para ir >>>] (3) Los pronombres "il" (“él”) e "ils" (“ellos”), se pronuncian fonéticamente igual en francés.