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LÉO FERRÉ
Cette blessure (1970)

VERSIONES (ENLACES EXTERNOS)
EN FRANCÉS
[Versión de Pascal Auberson (2003) >>>]
EN ITALIANO
[Versión de Gianluigi Cavaliere (2010) >>>]
ESTA HERIDA
Letra y música: Léo Ferré

Cette blessure
Où meurt la mer comme un chagrin de chair
Où va la vie germer dans le désert
Qui fait de sang la blancheur des berceaux
Qui se referme au marbre du tombeau
Cette blessure d'où je viens

Cette blessure
Où va ma lèvre à l'aube de l'amour
Où bat ta fièvre un peu comme un tambour
D'où part ta vigne en y pressant des doigts
D'où vient le cri le même chaque fois
Cette blessure d'où tu viens

Cette blessure
Qui se referme à l'orée de l'ennui
Comme une cicatrice de la nuit
Et qui n'en finit pas de se rouvrir
Sous des larmes qu'affile le désir

Cette blessure
Comme un soleil sur la mélancolie
Comme un jardin qu'on n'ouvre que la nuit
Comme un parfum qui traîne à la marée
Comme un sourire sur ma destinée
Cette blessure d'où je viens

Cette blessure
Drapée de soie sous son triangle noir
Où vont des géomètres de hasard
Bâtir de rien des chagrins assistés
En y creusant parfois pour le péché
Cette blessure d'où tu viens

Cette blessure
Qu'on voudrait coudre au milieu du désir
Comme une couture sur le plaisir
Qu'on voudrait voir se fermer à jamais
Comme une porte ouverte sur la mort
Cette blessure dont je meurs

Esta herida
donde muere el mar como un pesar de carne
donde va a germinar la vida en el desierto
que hace de sangre la blancura de las cunas
que se cierra en el mármol de la tumba
esta herida de donde vengo

Esta herida
donde va mi labio en el alba del amor
donde late la fiebre un poco como un tambor
de donde parte tu vid apretando los dedos
de donde viene el grito, el mismo cada vez
esta herida de donde vienes

Esta herida
que se cierra en la linde del aburrimiento
como una cicatriz de la noche
y que siempre vuelve a abrirse
bajo lágrimas que afila el deseo

Esta herida
como un sol bajo la melancolía
como un jardín que solo abre de noche
como un perfume arrastrado por la marea
como una sonrisa en mi destino
esta herida de donde vengo

Esta herida
drapeada de seda bajo su triángulo negro
donde van los geómetras de turno
a levantar de la nada penas asistidas
cavando en ella a veces por pecar
esta herida de donde vienes

Esta herida
que quisiéramos coser en el centro del deseo
como una costura en el placer
que quisiéramos ver cerrarse para siempre
como una puerta abierta sobre la muerte
Esta herida de la que muero

LÉO FERRÉ
Cette blessure (1970)

VERSIONES (ENLACES EXTERNOS)
EN FRANCÉS
[Versión de Pascal Auberson (2003) >>>]
EN ITALIANO
[Versión de Gianluigi Cavaliere (2010) >>>]


ESTA HERIDA
Letra y música: Léo Ferré

Cette blessure
Où meurt la mer comme un chagrin de chair
Où va la vie germer dans le désert
Qui fait de sang la blancheur des berceaux
Qui se referme au marbre du tombeau
Cette blessure d'où je viens

Cette blessure
Où va ma lèvre à l'aube de l'amour
Où bat ta fièvre un peu comme un tambour
D'où part ta vigne en y pressant des doigts
D'où vient le cri le même chaque fois
Cette blessure d'où tu viens

Cette blessure
Qui se referme à l'orée de l'ennui
Comme une cicatrice de la nuit
Et qui n'en finit pas de se rouvrir
Sous des larmes qu'affile le désir

Cette blessure
Comme un soleil sur la mélancolie
Comme un jardin qu'on n'ouvre que la nuit
Comme un parfum qui traîne à la marée
Comme un sourire sur ma destinée
Cette blessure d'où je viens

Cette blessure
Drapée de soie sous son triangle noir
Où vont des géomètres de hasard
Bâtir de rien des chagrins assistés
En y creusant parfois pour le péché
Cette blessure d'où tu viens

Cette blessure
Qu'on voudrait coudre au milieu du désir
Comme une couture sur le plaisir
Qu'on voudrait voir se fermer à jamais
Comme une porte ouverte sur la mort

Cette blessure dont je meurs

Esta herida
donde muere el mar como un pesar de carne
donde va a germinar la vida en el desierto
que hace de sangre la blancura de las cunas
que se cierra en el mármol de la tumba
esta herida de donde vengo

Esta herida
donde va mi labio en el alba del amor
donde late la fiebre un poco como un tambor
de donde parte tu vid apretando los dedos
de donde viene el grito, el mismo cada vez
esta herida de donde vienes

Esta herida
que se cierra en la linde del aburrimiento
como una cicatriz de la noche
y que siempre vuelve a abrirse
bajo lágrimas que afila el deseo

Esta herida
como un sol bajo la melancolía
como un jardín que solo abre de noche
como un perfume arrastrado por la marea
como una sonrisa en mi destino
esta herida de donde vengo

Esta herida
drapeada de seda bajo su triángulo negro
donde van los geómetras de turno
a levantar de la nada penas asistidas
cavando a veces por el pecado
esta herida de donde vienes

Esta herida
que quisiéramos coser en el centro del deseo
como una costura en el placer
que quisiéramos ver cerrarse para siempre
como una puerta abierta sobre la muerte

Esta herida de la que muero

LÉO FERRÉ
Des mots (1979)


PALABRAS
Letra y música: Léo Ferré

Je ne suis qu'un amas de chair,
un galaxique qui détale
Dans les hôtels du monte-en-l'air
quand ma psycho se fait la malle
Ta robe prise sur le vif
dans la collection des comètes
Traînera dans mon objectif
quand les termites seront "Jet"
Je vais tout à l'heure fauchant
des moutons d'iceberg solaire
Avec le quartz entre leurs dents
à brouter des idées-lumière
Et des chevaux les appelant
de leur pampa et des coursives
Que j'invente à leurs naseaux blancs
comme le sperme de la rive

Des mots
qui t'envahiraient comme la lumière
Des mots
qui montent de la terre
comme des violons tristes
Sous un avion fidèle.
Des mots...

Arrive, marin d'outre-temps !
Arrive, marin d'extase !
Quand je m'arrête, tu me prends
comme je te prends dans ta case
Négresse bleue, blues d'horizon
et les poissons que tu dégorges
Depuis ton ventre et tes façons
quand mon sexo joue dans ta gorge
Dans cette plaie comme d'un trou,
grouillant de cris comme la vague
uand les goélands sont jaloux
de l'architecte où s'extravaguent
Des maçons aux dents de velours
et le ciment de leur salive
À te cimenter pour l'amour
ton cul calculant la dérive

Des mots
qui t'envahiraient comme mon absence
Des mots
qui montent du silence
comme des violons tristes
sous une main fidèle
Des mots...

Mes souvenirs s'en vont par deux,
moi, le terrien du Pacifique
Je suis métis de mes aveux,
je suis le silence en musique
Le parfum des mondes perdus,
le sourire de la comète
Sous l'empire de ta vertu
quand mes soldats te font la fête
Muselle-moi si tu peux,
toi, dans ton ixe où le vacarme
Sonne le glas dans le milieu,
moi, planté là avec mon arme
Tu es de tous les continents,
tu m'arrives comme la route
Où s'exténuent dix mille amants
quand la pluie à ton cul s'égoutte

Des mots
qui t'envahiraient comme la folie
Des mots
qui montent de la vie
comme la raison triste
Dans ta tête fidèle.
Des mots...

Ô la mer de mes cent mille ans,
je m'en souviens, j'avais dix piges
Et tu bandes ton arc pendant
que ma liqueur d'alors se fige
Tu es ma glace et moi ton feu,
parmi les algues tu promènes
Cette déraison où je peux
m'embrumer les bronches à ta traîne
Et qu'ai-je donc à lyriser
cette miction qui me lamente ?
Dans ton lit, j'allais te braquer,
ta culotte sentait la menthe
Et je remontais jusqu'au bord
de ton goémon en soupente
Et mes yeux te prenaient alors
ce blanc d'écume de l'attente

Des mots
qui t'envahiraient comme la détresse
Des mots
qui montent de l'ivresse
comme les choses tristes
Sous le destin fidèle
Des mots...

Emme C2 Emme C2,
aime-moi donc, ta parallèle
Avec la mienne, si tu veux,
s'entrianglera sous mes ailes
Humant un peu par le dessous,
je deviendrai ton olfacmouette
Mon bec plongeant dans ton égout
quand Dieu se vide de la tête
Les vagues, les vagues jamais
ne viendront repeupler le sable
Où je me traîne désormais,
attendant la marée du diable
Ce copain qui nous tient la main
devant la mer crépusculaire
Depuis que mon cœur dans le tien
mêle ton astre à ma lumière

Des mots
qui t'envahiraient comme la lumière
Des mots
qui montent de la terre
comme des oiseaux tristes
Sous un avion fidèle.

Je t'aime ? Tu m'aimes ? On s'aime ?
Des mots.

Solo soy un montón de carne
un galáctico que se las pira
a los hoteles del vicio
cuando mi psiquis lía el petate
Tu vestido imitación natural
en la colección de cometas
se arrastrará hacia mi objetivo
cuando las termitas serán “Jet”
Luego voy segando
corderos de iceberg solar
con el cuarzo entre sus dientes
para pacer ideas-luz
y caballos llamándolos
desde su Pampa y crujías
que invento en sus ollares blancos
como el esperma de la orilla

Palabras
que te invadirías como la luz
palabras
que suben de la tierra
como violines tristes
bajo un avión fiel
Palabras…

¡Ven, marinero de otro tiempo!
¡Ven, marinero de éxtasis!
Cuando me detengo tú me tomas
como yo te tomo en tu garito
Negra azul, blues de horizonte
y los peces que derramas
desde tu vientre y tus maneras
cuando mi sexo(1) toca en tu garganta
en esta herida como en un agujero
hormigueante de gritos como la ola
cuando las gaviotas están celosas
del arquitecto donde se disparatan
Albañiles con dientes de terciopelo
y el cemento de su saliva
como para cimentarte por el amor
tu culo calculando la deriva

Palabras
que te invadirían como mi ausencia
palabras
que suben del silencio
como violines tristes
bajo una mano fiel.
Palabras…

Mis recuerdos se van a pares
yo, el de tierra adentro del Pacífico
soy mestizo de mis confesiones
soy el silencio hecho música
El perfume de los mundos perdidos
la sonrisa de la cometa
bajo el imperio de tu virtud
cuando mis soldados te dan lo tuyo
Ponme un bozal si puedes
tú, en tu equis(2) donde el estruendo
toca las campanas en el medio
yo, plantado ahí con mi arma
Tú eres de todos los continentes
me llegas como la carretera
en la que se extenúan diez mil amantes
cuando la lluvia se escurre en tu culo

Palabras
que te invadirían como la locura
palabras
que suben de la vida
como la razón triste
en tu cabeza fiel.
Palabras…

Oh, el mar de mis cien mil años
me acuerdo, tenía diez tacos
y tú tensas tu arco mientras
que mi licor de entonces se cuaja
Tú eres mi hielo y yo tu fuego
entre las algas paseas
esta sinrazón donde puedo
nublarme los bronquios a remolque de ti
¿Y qué me queda para exaltar,
esta micción que me lamenta?
En tu cama iba a apuntarte
tus bragas olían a menta
Y yo subía hasta el borde
de tu fuco en sopanda
y mis ojos te tomaban entonces
esta espuma blanca de la espera

Palabras
que te invadirían como el desamparo
palabras
que suben de la ebriedad
como las cosas tristes
bajo el destino fiel.
Palabras…

Eme C2, Eme C2
ámame pues, tu paralela
con la mía, si tú quieres
se triangulará bajo mis alas
Aspirando un poco por debajo
me convertiré en tu olfato-gaviota
Mi pico hundiéndose en tu alcantarilla
cuando Dios se las pire de tu cabeza
Las olas, las olas nunca
vendrán a repoblar la arena
donde me arrastro desde ahora
esperando la marea del diablo
ese colega que nos tiende la mano
frente al mar crepuscular
desde que mi corazón en el tuyo
mezcla tu astro con mi luz

Palabras
que te invadirían como la luz
palabras
que suben de la tierra
como pájaros tristes
bajo un avión fiel.

¿Te amo? ¿Me amas? ¿Nos amamos?
Palabras.

(1) La palabra "sexo" que usa Ferré resulta de combinar "sexe" con "saxo".
(2) Probablemente del vebo “ixer” (= clasificar un film en la categoría “X”). También puede referirse a la posición del cuerpo tumbado con brazos y piernas abiertos, formando una « X »

LÉO FERRÉ
Le Jazz Band (1958)


LA JAZZ BAND
Letra y música: Léo Ferré

La clarinette qu'était gonflée
A dit : Les potes, ça va jazzer !
C'est OK ! OK !

Le saxo qui comptait les points
A mis l' chorus au bout d' sa main
Voyou... voyou... voyou

Le piano qu'était pas Chopin
S' donnait pourtant un mal de chien
Mais de chien... mais de chien !

On n'est pas là pour rigoler
La bande à jazz a débarqué !

Jazz-band, on va Duke Ellington
Ton' ton' ton' ton' ton'
Jazz-band, on va Louis Armstrong
Strong strong strong strong strong
Jazz-band, Jazz-band à Stan Kenton
Ton' ton' ton' ton' ton'
Jazz-band, jazz-band, jazz and so on
On' on' on' on' on'

Le violon qui jouait Thaïs
Se f'sait passer pour le bassiste
- Si j'aurais su qu' t'aurais v'nu,
j' m'aurais pas en allé
Le basson, sacré nom de nom !
Etait pas dans la partition
Il lisait l' journal !
Le hautbois qui s' faisait tout mince
A dit : Les potes, y a du suspense
Suspense, suspense, suspense !

On n'est pas là pour rigoler
La bande à jazz est dans l' quartier !

Jazz-band, on va Duke Ellington
Ton' ton' ton' ton' ton'
Jazz-band, on va Louis Armstrong
Strong strong strong strong strong
Jazz-band, Jazz-band à Stan Kenton
Ton' ton' ton' ton' ton'
Jazz-band, jazz-band, jazz and so on
On' on' on' on' on'

La mélodie s'est dégonflée
On l'a r'trouvée, on s'est barré
Les drums ont tout foutu en l'air
Paraît qu' ça coûtera un peu cher
Hou, peuchère !
La guitare s'est arrangée
Pour planquer Bach à la Pitié
Pitié, pitié, pour un pauvre musicien !
Y a pas eu moyen d'y couper
La bande à jazz tenait l' quartier !

Jazz-band, et moi pour l'écouter
Hé hé hé hé hé
Jazz-band, et toi pour y danser
Hé hé hé hé hé hé hé
Jazz-band, band à Duke Ellington
Ton' toton' toton' toton' toton' toton' toton'
Jazz-band, jazz-band, jazz and so on
On' on' on' on' on'

Une chanson sur le printemps
Nous mitraillait d' la fleur des champs
Une java qu'avait mal tourné
Nous fox-trottait en javanais
Un vieux tango sous un faux nom
Nous soldait du booggie bidon
Bidon, avec corazon !
Et toi ? Ha, ha !

On allait p't-être pouvoir s'aimer
La bande à jazz quittait l' quartier !

Je t'aime...
Même si c'est sur trois temps
Je t'aime...
Ici ou dans le vent
Je t'aime...
En jazz ou à Nogent
Je t'aime...
L'accordéon a l' temps

El clarinete, que tenía mucha jeta
dijo: ¡Colegas, esto jazzea!
¡OK! ¡OK!

El saxo, que contaba los puntos
puso al coro en la punta de su mano
Gamberro… gamberro… gamberro

El piano, que no era Chopin,
se lo curraba como un perro
¡Como un perro!... ¡Como un perro!

No estamos aquí por diversión
¡La banda de jazz ya ha llegado!

Jazz Band, vamos Duke Ellington
ton’ ton’ ton’ ton’ ton’
Jazz Band, vamos Louis Armstrong
Strong strong strong strong strong
Jazz Band, Jazz Band de Stan Kenton
ton’ ton’ ton’ ton’ ton’
Jazz Band, jazz band, jazz and so on
on’ on’ on’ on’ on’

El violín, que tocaba Thaïs
se hacía pasar por el bajista
- Si hubiese sabido que habrías venido
no me hubiera ido
El fagot, ¡rediós!
no estaba en la partitura
¡leía el periódico!
El oboe, que se iba haciendo delgadito
dijo: Colegas, hay suspense
¡suspense, suspense, suspense!

No estamos aquí por diversión
¡La banda de jazz está en el barrio!

Jazz Band, vamos Duke Ellington
ton’ ton’ ton’ ton’ ton’
Jazz Band, vamos Louis Armstrong
Strong strong strong strong strong
Jazz Band, Jazz Band de Stan Kenton
ton’ ton’ ton’ ton’ ton’
Jazz Band, jazz band, jazz and so on
on’ on’ on’ on’ on’

La melodía se desinfla
La hemos recuperado, nos hemos pirado
La percusión lo ha echado todo a perder
Parece que saldrá un poco caro
¡Oh, pardiez!
La guitarra se lo ha montado
para esconder a Bach en la Piedad…
¡Piedad, piedad para un pobre músico!
No hubo manera de cortar,
la banda de jazz ocupaba el barrio!

Jazz band, y yo para escucharla
Hé hé hé hé hé
Jazz bnd, y tú para bailar
Hé hé hé hé hé hé hé
Jazz band, banda de Duke Ellington
Ton’ toton' toton' toton' toton' toton' toton'
Jazz band, jazz band, jazz and so on
On' on' on' on' on'

Una canción sobre la primavera
Nos ametrallaba desde los campos en flor
Una Java(1) que había salido mal
Nos fox-trotaba en javanés
Un viejo tango con nombre falso
Nos saldaba booggie falso
¡Falso, con corazón!
¿Y tú? ¡Ja, ja!

Podríamos tal vez amarnos
¡La banda de jazz dejaba el barrio!

Te amo ...
Incluso si es en tres tiempos
Te amo ...
Aquí o en el viento
Te amo ...
En jazz o en Nogent
Te amo ...
El acordeón tiene tiempo

(1) A principios del siglo XX, en París, se popularizó la Java, que es una danza de ritmo ternario, descendiente de la mazurca.

LÉO FERRÉ
La solitude (1971)

VERSIONES (ENLACES EXTERNOS)
EN FRANCÉS
[Versión de Thiéfaine >>>]
[Versión de Tue Loup >>>]
EN ITALIANO
[Versión de Léo Ferre >>>]


LA SOLEDAD
Letra y música: Léo Ferré

Je suis d'un autre pays que le vôtre,
d'un autre quartier, d'une autre solitude.
Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse.
Je ne suis plus de chez vous.
J'attends des mutants.
Biologiquement je m'arrange
avec l'idée que je me fais de la biologie:
je pisse, j'éjacule, je pleure.
Il est de toute première instance
que nous façonnions nos idées
comme s'il s'agissait d'objets manufacturés.
Je suis prêt à vous procurer les moules.
Mais...

La solitude...

Les moules sont d'une texture nouvelle,
je vous avertis.
Ils ont été coulés demain matin.
Si vous n'avez pas dès ce jour
le sentiment relatif de votre durée,
il est inutile de regarder devant vous
car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour.
Et...

La solitude...

Il est de toute première instance
que les laveries automatiques au coin des rues
soient aussi imperturbables
que les feux d'arrêt ou de voie libre.
Les flics du détersif vous indiqueront
la case où il vous sera loisible de laver
ce que vous croyez être votre conscience
et qui n'est qu'une depéndance
de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau.
Et pourtant...

La solitude...

Le désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur",
les mots que vous employez
n'étant plus "les mots"
mais une sorte de conduit à travers lequel
les analphabètes se font bonne conscience.
Mais...

La solitude...

Le Code civil nous en parlerons plus tard.
Pour le moment, je voudrais codifier l'incodifiable.
Je voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je voudrais m'insérer dans le vide absolu
et devenir le non-dit, le non-avenu,
le non-vierge par manque de lucidité.
La lucidité se tient dans mon froc.

Soy de un país distinto al vuestro,
de otro barrio, de otra soledad.
Hoy me invento atajos.
Ya no soy de vuestros lugares.
Espero mutantes.
Biológicamente me las apaño
con la idea que me hago de la biología:
meo, eyaculo, lloro.
Es de absoluta primera instancia
que demos forma a nuestras ideas
como si se tratase de objetos manufacturados.
Estoy dispuesto a proporcionaros los moldes.
Pero…

La soledad…

Los moldes son de una textura nueva,
os lo advierto.
Fueron vaciados mañana por la mañana.
Si no tenéis desde hoy
el sentimiento relativo de vuestra duración,
es inútil que miréis delante vuestro
ya que delante es detrás, la noche es el día.
Y…

La soledad…

Es de absoluta primera instancia
que las lavanderías automáticas de las esquinas
sean tan imperturbables
como los semáforos de parada y de vía libre.
Los polis del detergente os indicarán
la casilla en la que os será factible lavar
aquello que creéis que es vuestra conciencia
y que no es más que una dependencia
del ordenador neurófilo que os sirve de cerebro.
Y sin embargo…

La soledad…

La desesperación es una forma superior de la crítica.
De momento la llamaremos “felicidad”,
puesto que las palabras que empleáis
ya no son “las palabras”
sino una especie de conducto a través del cual
los analfabetos tranquilizan su conciencia.
Pero…

La soledad…

Del Código Civil hablaremos más tarde.
De momento, quisiera codificar lo incodificable.
Quisiera medir vuestras danaides(1) democracias.
Quisiera insertarme en el vacío absoluto
y convertirme en lo no-dicho, en lo no-acontecido,
lo no-virgen por falta de lucidez.
La lucidez está en mi pantalón.

(1) Danaide (mitología): Cada una de las 50 hijas de Danao, de las que 49 mataron a sus maridos la noche de bodas y fueron condenadas en el Hades a llenar de agua un tonel agujereado.

LÉO FERRÉ
Ils ont voté (1967)

VERSIONES (ENLACES EXTERNOS)
EN FRANCÉS
[Versión de Simeon Lenoir >>>]
Explicación de las variantes del texto a lo largo del tiempo (en francés)


HAN VOTADO
Letra y música: Léo Ferré

A porter ma vie sur mon dos
J'ai déjà mis soixante berges
Sans être un saint ni un salaud
Je ne vaux pas le moindre cierge
Marie maman voilà ton fils
Qu'on crucifie sur des affiches
Un doigt de scotch et un gin-fizz
Et tout le reste je m'en fiche

Ils ont voté... et puis, après?

J'ai la mémoire hémiplégique
Et les souvenirs éborgnés
Quand je me souviens de la trique
Il ne m'en revient que la moitié
Et vous voudriez que je cherche
La moitié d'un cul à botter?
En ces temps on ne voit pas lerche...
Ils n'ont même plus de cul, les français!

Ils ont voté... et puis, après?

C'est un pays qui me débèqu'te
Pas moyen de se faire anglais
Ou suisse ou con ou bien insecte
Partout ils sont confédérés...
Faut les voir à la télé-urne
Avec le général Frappard
Et leur bulletin dans les burnes
Et le mépris dans un placard

Ils ont voté... et puis, après?

Dans une France socialiste
Je mettrais ces fumiers debout
A fumer le scrutin de liste
Jusqu'au mégot de mon dégoût
Et puis assis sur leurs fesses
Un ordinateur dans le gosier
Ils chanteraient la Marseillaise
Avec des cartes perforées

Le jour de gloire est arrivé

En llevar mi vida a cuestas
he empleado ya sesenta tacos
sin ser un santo ni un cabrón
no valgo ni un solo cirio
María mamá ese es tu hijo
que crucifican en carteles
un dedo de scotch y un ginfizz
y el resto me importa un bledo

Han votado… y luego, ¿qué?

Tengo la memoria hemipléjica
y los recuerdos tuertos
cuando me acuerdo de la porra
solo me vienen la mitad
¿Y quisierais que yo buscase
la mitad de un culo para patear?(1)
En estos tiempos no se ve nada claro…
¡No tienen ya ni culo, los franceses!

Han votado… y luego, ¿qué?

Es un país que me repugna
no hay modo de hacerse inglés
o suizo o gilipollas o bien insecto
por todas partes están confederados…
Hay que verlos en la tele-urna
con el General Frappard(2)
y su papeleta en las pelotas
y el desprecio en un armario

Han votado… y luego, ¿qué?

En una Francia socialista(3)
yo pondría a esos cabrones de pie
para que se fumasen el escrutinio de lista
hasta la colilla de mi hastío
y luego, sentados sobre sus nalgas
con un ordenador en el gaznate
cantarían La Marsellesa
con tarjetas perforadas

El día de gloria ha llegado

(1) El sonido de “a voter” (para votar) es muy parecido al de “a botter” (para patear).
(2) Se refiere a De Gaulle, por su apego a la “force de frappe” (el arma atómica para Francia). Este verso fue sustituido más tarde por “entre l’isoloir et la vespasienne” (entre la cabina electoral y el urinario público).
(3) Cuando Mitterand alcanzó la presidencia, este verso pasó a ser “En una Francia anarquista”


LÉO FERRÉ
Ton style (1971)


TU ESTILO
Letra y música: Léo Ferré

Tous ces cris de la rue ces mecs ces magasins
Où je te vois dans les rayons comme une offense
Aux bijoux de trois sous aux lingeries de rien
Ces ombres dans les yeux des femmes quand tu passes
Tous ces bruits tous ces chants et ces parfums passants
Quand tu t'y mets dedans ou quand je t'y exile
Pour t'aimer de plus loin comme ça en passant
Tous ces trucs un peu dingues tout cela c'est ton style

Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton style c'est ma loi quand tu t'y plies salope !
C'est mon sang à ta plaie c'est ton feu à mes clopes
C'est l'amour à genoux et qui n'en finit plus
Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul

Tous ces ports de la nuit ce môme qu'on voudrait bien
Et puis qu'on ne veut plus dès que tu me fais signe
Au coin d'une réplique enfoncée dans ton bien
Par le sang de ma grappe et le vin de ta vigne
Tout cela se mêlant en mémoire de nous
Dans ces mondes perdus de l'an quatre-vingt mille
Quand nous n'y serons plus et quand nous renaîtrons
Tous ces trucs un peu fous tout cela c'est ton style

Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton style c'est ton droit quand j'ai droit à ton style
C'est ce jeu de l'enfer de face et puis de pile
C'est l'amour qui se tait quand tu ne chantes plus
Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul

A tant vouloir connaître on ne connaît plus rien
Ce qui me plaît chez toi c'est ce que j'imagine
A la pointe d'un geste au secours de ma main
A ta bouche inventée au-delà de l'indigne
Dans ces rues de la nuit avec mes yeux masqués
Quand tu ne reconnais de moi qu'un certain style
Quand je fais de moi-même un autre imaginé
Tous ces trucs imprudents tout cela c'est ton style

Ton style c'est ton cul c'est ton cul c'est ton cul
Ton style c'est ta loi quand je m'y plie salope !
C'est ta plaie c'est mon sang c'est ma cendre à tes clopes
Quand la nuit a jeté ses feux et qu'elle meurt
Ton style c'est ton coeur c'est ton coeur c'est ton coeur

Ton style c'est ton coeur

Todos esos gritos de la calle esos tipos esas tiendas
donde te veo en las secciones como una ofensa
en la bisutería barata en las lencerías de nada
esas sombras en los ojos de las mujeres cuando pasas
todos esos ruidos todos esos cantos y esos perfumes que pasan
cuando te metes en ellos o cuando en ellos yo te exilio
para amarte de más lejos así como de paso
todas esas historias un poco alocadas todo eso es tu estilo

Tu estilo es tu culo es tu culo es tu culo
tu estilo es mi ley cuando te pliegas a ella puta!
es mi sangre en tu herida es tu fuego en mis pitillos
es el amor de rodillas y que nunca termina
tu estilo es tu culo, es tu culo, es tu culo

Todos esos puertos nocturnos ese crío que quisiéramos
y luego que ya no queremos desde que me haces señales
en el rincón de una réplica hundida en tu bien
por la sangre de mi racimo y el vino de tu vid
todo ello mezclándose en memoria nuestra
en esos mundos perdidos del año ochenta mil
cuando nosotros ya no estaremos y cuando renaceremos
todas esas historias un poco locas todo eso es tu estilo

Tu estilo es tu culo es tu culo es tu culo
tu estilo es tu derecho cuando tengo derecho a tu estilo
es el juego infernal de cara y luego de cruz
es el amor que se calla cuando tú ya no cantas
tu estilo es tu culo es tu culo es tu culo

De tanto querer conocer ya no conocemos nada
lo que me gusta de ti es lo que imagino
en el extremo de un gesto socorriendo mi mano
en tu boca inventada más allá de lo indigno
en esas calles de la noche con mis ojos ocultos
cuando tú sólo reconoces en mi un determinado estilo
cuando yo hago de mí mismo otro imaginado
todas esas historias imprudentes todo eso es tu estilo

Tu estilo es tu culo es tu culo es tu culo
tu estilo es tu ley cuando yo me pliego a ella, guarra!
es tu herida es tu sangre es mi ceniza en tus colillas
cuando la noche ha arrojado sus fuegos y muere
tu estilo es tu corazón es tu corazón es tu corazón

Tu estilo es tu corazón

LÉO FERRÉ
Les poètes de sept ans (1964)


LOS POETAS DE SIETE AÑOS
Letra: Arthur Rimbaud (1871) - Música: Léo Ferré

Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour, il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.

Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment !

À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rios, savanes ! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
- Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons ;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
Des rêves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
- Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulement, déroutes et pitié !
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile !

Y la Madre, cerrando el libro del deber
se iba, satisfecha y orgullosa, sin ver,
en los ojos azules y bajo la frente llena de eminencias,
el alma de su hijo entregada a las repugnancias.

Todo el día rezumaba obediencia; muy
inteligente; sin embargo, tics negros, algunos rasgos
parecían probar en él agrias hipocresías.
En la sombra de los pasillos con colgaduras mohosas,
al pasar sacaba la lengua, con ambos puños
en las ingles, y en sus ojos cerrados veía puntos.
Una puerta se abría a la noche: a la luz de la lámpara
se le veía, allá arriba, refunfuñando en la baranda,
bajo un globo de luz colgado del techo. En verano
sobre todo, vencido, estúpido, se empeñaba
en encerrarse en el frescor de las letrinas:
allí pensaba, tranquilo y entregando sus fosas nasales.

Cuando, lavado de los olores del día, el jardincillo
de detrás de la casa, en invierno, se inundaba de luna,
tumbado al pie de un muro, enterrado en la marga,
y para tener visiones apretándose el ojo,
escuchaba hormiguear los sarnosos emparrados.
¡Compasión! Esos niños solos eran sus familiares
que, enclenques, frente desnuda, mirar desteñido,
ocultando unos dedos delgados y negros de barro,
bajo unos harapos apestosos y viejos,
conversaban con la dulzura de los idiotas!
Y si, habiéndolo sorprendido en piedades inmundas
su madre se asustaba, las ternuras, profundas,
del niño, se abalanzaban contra este asombro.
Estaba bien. Ella tenía la mirada azul –que miente!

A los siete años escribía novelas, sobre la vida
del gran desierto, donde luce la Libertad radiante,
bosques, soles, ríos, sabanas! - Se ayudaba
con periódicos ilustrados en los que, rojo, miraba
a españolas reír, e italianas.
Cuando venía, ojos marrones, loca, vestida de india,
-ocho años-, la hija de los obreros de al lado,
la pequeña animal, habiendo saltado
en un rincón a su espalda, agitando sus trenzas,
y estando debajo de ella le mordía las nalgas
pues no llevaba nunca bragas;
–y, magullado por sus puños y talones,
se llevaba los sabores de su piel a su habitación.

Temía los exangües domingos de diciembre
cuando, untado de pomada, en un velador de caoba,
leía una Biblia con cantos verde col;
los sueños lo oprimían, cada noche, en la alcoba.
No amaba a Dios sino a los hombres, que a la noche leonada,
negros, en camisa, veía regresar al arrabal
donde los pregoneros, con un triple redoble de tambor,
hacen, alrededor de los edictos, reír y gruñir a la muchedumbre.
-Soñaba con la pradera en amor, donde marejadas
luminosas, perfumes sanos, pubescencias de oro
se remueven lentamente y levantan el vuelo!

Y puesto que saboreaba sobre todo las cosas sombrías,
cuando, en la habitación desnuda, con las persianas cerradas,
alta y azul, agriamente tomada por la humedad,
leía su novela meditada sin cesar,
repleta de cielos bajos y de bosques anegados,
de flores de carne hacia los bosques siderales desplegadas,
vértigo, derrumbe, desastres y piedad!
– Mientras iba naciendo el rumor del barrio
abajo –, solo y acostado sobre piezas de tela
basta, y presintiendo violentamente la vela!

LÉO FERRÉ
La mort (1966)


LA MUERTE
Letra y música: Léo Ferré

Avec sa faux des quat' saisons
Et du crêpe dans son peignoir
Sur ses échasses de béton
Dans les faubourgs du désespoir

Elle meurt sa mort, la Mort
Elle meurt

Avec ses cordes pour la pluie
À encorder les poitrinaires
Ses poumons de cendre qui prient
Dans la soufflerie des mystères

Elle meurt sa mort, la Mort
Elle meurt

Sur la route des jours heureux
Dans les bielles et dans le courroux
En mettant du noir sur les yeux
Et du sang frais sur les cailloux

Elle meurt sa mort, la Mort
Elle meurt

L'hôpital meublé de ses gens
Dans les salles où dorment les chromes
Avec son fils et ses gants blancs
Dans l'anesthésique royaume

Elle meurt sa mort, la Mort
Elle meurt

Avec le végétal nourri
De son détestable négoce
Avec les rires et les cris
Qui croissent sur toutes ses fosses

On vit sa vie, on vit
On vit

Con su guadaña de cuatro estaciones
y crespón en su albornoz
sobre sus zancos de hormigón
en los arrabales de la desesperación

Ella muere su muerte, la Muerte
muere

Con sus cuerdas para la lluvia
para encordar a los tísicos
sus pulmones de ceniza que rezan
en los fuelles de los misterios

Ella muere su muerte, la Muerte
muere

En la carretera de los días felices
en las bielas y en las cóleras
poniendo oscuridad en los ojos
y sangre fresca en los guijarros

Ella muere su muerte, la Muerte
muere

El hospital lleno de todas esas gentes
en las salas donde duermen los cromados
con su hijo y sus guantes blancos
en el anestésico reino

Ella muere su muerte, la Muerte
muere

Con el vegetal alimentado
por su detestable negocio
con las risas y los gritos
que crecen en todas sus fosas

Uno vive su vida, se vive
Se vive

LÉO FERRÉ
L'héautontimorouménos (1977)

VERSIONES EN ESTE BLOG
[Ir a la versión de Jean-Louis Murat (2007) >>>]

OTRAS INTERPRETACIONES DEL TEXTO
(ENLACES EXTERNOS)

[Versión de Diamanda Galás (1986) >>>]
[Extracto del film de videocreación “Haime” (1996) >>>]


Publicado en 2008, quince años después de la muerte de Léo Ferré.
Grabación procedente de sus archivos personales.

EL VERDUGO DE SÍ MISMO
Letra: Charles Baudelaire - Música: Léo Ferré

Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,

Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera

Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !

Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?

Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Te golpearé sin cólera
y sin odio, como un carnicero,
como Moisés la roca!
Y haré de tus párpados,

para abrevar mi Sahara,
brotar las aguas del sufrimiento.
Mi deseo henchido de esperanza
en tus salados llantos nadará.

Como una nave que se hace al mar,
y en mi corazón, que ellos embriagarán,
tus queridos sollozos resonarán
como un tambor que toca a carga!

No soy yo un falso acorde
en la divina sinfonía
gracias la voraz ironía
que me sacude y que me muerde?

Está en mi voz, la chillona!
Es toda mi sangre, este veneno negro!
Yo soy el siniestro espejo
en el que la arpía se mira.

Soy la herida y el cuchillo!
Soy la bofetada y la mejilla!
Soy los miembros y la rueda
y la víctima y el verdugo!

Soy de mi corazón el vampiro
―uno de esos grandes abandonados
a la risa eterna condenados
y que ya no pueden sonreír!

LÉO FERRÉ
Allende (1977)















ALLENDE
Letra y música: Léo Ferré

Ne plus écrire enfin attendre le signal
Celui qui sonnera doublé de mille octaves
Quand passeront au vert les morales suaves
Quand le Bien peignera la crinière du Mal

Quand les bêtes sauront qu'on les met dans des plats
Quand les femmes mettront leur sang à la fenêtre
Et hissant leur calice à hauteur de leur maître
Elles diront : "Bois en mémoire de moi"

Quand les oiseaux septembre iront chasser les cons
Quand les mecs cravatés respireront quand même
Et qu'il se chantera dedans les hachélèmes
La messe du granit sur un autel béton

Quand les voteurs votant se mettront tous d'accord
Sur une idée sur rien pour que l'horreur se taise
Même si pour la rime on sort la Marseillaise
Avec un foulard rouge et des gants de chez Dior

Même si pour la rime on sort la Marseillaise
Avec un foulard rouge et des gants de chez Dior

Alors nous irons réveiller
Allende Allende Allende Allende

Quand il y aura des mots plus forts que les canons
Ceux qui tonnent déjà dans nos mémoires brèves
Quand les tyrans tireurs tireront sur nos rêvesParce que de nos rêves lèvera la moisson

Quand les tueurs gagés crèveront dans la soie
Qu'ils soient Président-ci ou Général de ça
Quand les voix socialistes chanteront leur partie
En mesure et partant vers d'autres galaxies

Quand les amants cassés se casseront vraiment
Vers l'ailleurs d'autre part enfin et puis comment
Quand la fureur de vivre aura passé son temps
Quand l'hiver de travers se croira au printemps

Quand de ce Capital qu'on prend toujours pour Marx
On ne parlera plus que pour l'honneur du titre
Quand le Pape prendra ses évêques à la mitre
En leur disant: "Latin Porno ou non je taxe"

Quand la rumeur du temps cessera pour de bon
Quand le bleu relatif de la mer pâlira
Quand le temps relatif aussi s'évadera
De cette équation triste où le tiennent des cons
Qu'ils soient mathématiques avec Nobel ou non
C'est alors c'est alors que nous réveillerons

Allende Allende Allende Allende...
Dejar de escribir por fin esperar la señal
la que sonará redoblada por mil octavas
cuando se pondrán en verde las morales suaves
cuando el Bien peinará las crines del Mal

Cuando las bestias sabrán que van a los platos
cuando las mujeres pondrán su sangre en la ventana
y alzando su cáliz a la altura de su maestro
dirán: “Bebed en memoria mía”

Cuando los pájaros septiembre irán a cazar a los idiotas
cuando los tipos encorbatados respirarán sin embargo
y que se cantará en las VPO
la misa del granito en un altar de hormigón

Cuando todos los votantes al votar se pondrán de acuerdo
sobre una idea sobre nada para que el horror se calle
incluso si para la rima se saca a La Marsellesa
con un fular rojo y guantes de chez Dior

incluso si para la rima se saca a La Marsellesa
con un fular rojo y guantes de chez Dior

Entonces iremos a despertar a
Allende Allende Allende Allende

Cuando habrá palabras más fuertes que los cañones
los que retumban ya en nuestras memorias breves
cuando los tiranos tiradores tirarán contra nuestros sueños
porque de nuestros sueños se alzará la cosecha

Cuando los tiradores en cuestión reventarán en sedas
ya sean Presidente de esto o General de aquello
cuando las voces socialistas cantarán su parte
en compás y partiendo hacia otras galaxias

Cuando los amantes rotos se romperán de verdad
hacia el más allá de otra parte en fin y de qué modo
cuando el furor de vivir habrá pasado su tiempo
cuando el invierno de través se creerá en primavera

Cuando de este Capital que siempre se toma por Marx
no se hablará más que por el honor del título
cuando el Papa agarrará a sus obispos por la mitra
diciéndoles: “Latín, porno o no, yo taso”

Cuando el rumor del tiempo cesará para siempre
cuando el azul relativo del mar palidecerá
cuando el tiempo relativo también se evadirá
de esta ecuación triste donde lo mantienen los imbéciles
ya sean matemáticos con Nobel o no
Es entonces, es entonces cuando despertaremos a

Allende Allende Allende Allende...

LÉO FERRÉ
Pepée (1969)


PEPÉE(1)
Letra y música: Léo Ferré

T'avais les mains comme des raquettes
Pépée
Et quand je te faisais les ongles
Je voyais des fleurs dans ta barbiche
T'avais les oreilles de Gainsbourg
Mais toi t'avais pas besoin de scotch
Pour les replier la nuit
Tandis que lui... ben oui!
Pepée
Pepée
Pepée

T'avais les yeux comme des lucarnes
Pépée
Comme on en voit dans le port d'Anvers
Quand les marins ont l'âme verte
Et qu'il leur faut des yeux de rechange
Pour regarder la nuit des autres
Comme on regardait un chimpanzé
Chez les Ferré
Pepée
Pepée
Pepée

T'avais le coeur comme un tambour
Pépée
De ceux qu'on voile le vendredi saint
Vers les trois heures après midi
Pour regarder Jésus-machin
Souffler sur ses trente-trois bougies
Tandis que toi t'en avais qu'huit
Le sept avril
De soixante-huit
Pepée
Pepée

Je voudrais avoir les mains de la mort
Pépée
Et puis les yeux et puis le coeur
Et m'en venir coucher chez toi
Ça changerait rien à mon décor
On couche toujours avec des morts
On couche toujours avec des morts
On couche toujours avec des morts
Pepée
Pepée

Tenías las manos como raquetas
Pepée
y cuando te cortaba las uñas
veía flores en tu perilla.
Tenías las orejas de Gainsbourg (2)
pero tú no necesitabas celo
para plegarlas por la noche
mientras que él… ¡pues bien, sí!
Pepée
Pepée
Pepée

Tenías los ojos como tragaluces
Pepée
como se ven en el puerto de Amberes
cuando los marinos tienen el alma verde
y que necesitan ojos de recambio
para mirar la noche de los otros
como se miraba a un chimpancé
en casa de los Ferré.
Pepée
Pepée
Pepée

Tenías el corazón como un tambor
Pepée
de esos que se cubren el viernes santo
hacia las tres de la tarde
para mirar al Jesús ese
soplar sus treinta y tres velas
mientras que tú solo tenías ocho
el siete de abril
del sesenta y ocho.
Pepée
Pepée

Quisiera tener las manos de la muerte
Pepée
y los ojos y el corazón
e ir a acostarme contigo
lo cual no cambiaría en nada mi decorado
nos acostamos siempre con muertos
nos acostamos siempre con muertos
nos acostamos siempre con muertos.
Pepée
Pepée

(1) Ferré adquirió una propiedad en el departamento del Lot (Midi-Pyrénées), donde se instaló con Madeleine. La relación se iría deteriorando. Ferré encontró a otra mujer, Marie-Christine, lo cual provocó la ira de Madeleine. El 7 de abril de 1968, ésta dio la orden de matar a todos los animales de la residencia, incluida Pépée. Léo Ferré se vio profundamente afectado por ello, y la ruptura con Madeleine fue definitiva. Dos canciones expresarían posteriormente estos momentos dolorosos: Avec le temps [>>>] y Pepée.

(2) Se refiere al cantante Serge Gainsbourg [>>>], que poseía un rostro característico debido a sus orejas grandes.

LÉO FERRÉ
La mémoire et la mer (1970)

VERSIONES EN ESTE BLOG
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LA MEMORIA Y EL MAR
Letra y música: Léo Ferré

La marée, je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur,
de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ö l'ange des plaisirs perdus
Ö rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tans
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini...
Quand la mer bergère m'appelle

La marea la tengo en el corazón
que me remonta como un signo
me muero por mi hermana pequeña
por mi infancia y por mi cisne
un barco según como
se estiba en el puerto con precisión
llora por mi firmamento
años luz y lo dejo hacer
soy el fantasma Jersey(1)
aquél que viene las noches de farsa
a lanzarte la bruma en un beso
y a recogerte en sus rimas
como el trasmallo(2) de julio
donde relucía la lubina solitaria
aquella que yo veía brillar
en los dedos de arena de la tierra.

Acuérdate del pequeño tiburón
que liberamos bajo palabra
y que berrea en el desierto
fucos de necrópolis
estoy seguro de que la vida está allí
con sus pulmones de franela
cuando llora de esos tiempos
el frío gris que nos llama
recuerdo las tardes en ese lugar
y sprints ganados en la espuma
esa baba de caballos al rape
a ras de rocas que se consumen
oh ángel de los placeres perdidos
oh rumores de otra costumbre
mis deseos desde entonces no son más
que una añoranza de mi soledad.

Y el diablo de las tardes conquistadas
con sus palideces de socorro
y el escualo de los paraísos
en el medio mojado de espuma
regresa chica verde de los fiordos
regresa violín de las violinadas
en el puerto fanfarrian las trompas
por el regreso de los camaradas
oh perfume raro de las salinas
en la pimienta fuego de las grietas
cuando yo iba geometrizando
mi alma en lo hondo de tu herida
en el desorden de tu culo
empegado en sábanas de alba fina
veía una vidriera de más
y tu chica verde, mi spleen

Las conchas figurando
bajo los sunlights rotos líquidos
tocan las castañuelas tanto
que se diría la España lívida
dios de los granitos ten piedad
de su vocación de aparentar
cuando el cuchillo viene a inmiscuirse
en su rostro de castañuela
y yo veía lo que se presiente
cuando se presiente lo entrevisto
entre las persianas de la sangre
y que los glóbulos representan
una matemática azul
en este mar nunca en calma
del que me remonta poco a poco
este memoria de las estrellas.

Este rumor que viene de ahí
bajo el arco amigo donde me ciego
esas manos que me hacen carantoñas
esas manos rumiantes que mugen
este rumor me sigue hace mucho
como un mendigo bajo el anatema
como la sombra que pierde el tiempo
dibujando mi teorema
y bajo mi maquillaje rojizo
viene a golpetear como una puerta
este rumor que va de pie
por la calle de las músicas muertas
se acabó el mar se acabó
en la playa la arena bala
como corderos de infinito
cuando la mar pastora me llama.

(1) El “fantasma Jersey” es un fenómeno natural, apreciable desde la isla de Guesclin (Bretaña) donde residió Ferré, consistente en una línea brumosa que se percibe en la lejanía, y que se asemeja a una aparición fantasmagórica de la isla anglo-normanda de Jersey.
(2) Arte de pesca formado por tres redes, más tupida la central que las exteriores superpuestas.

LÉO FERRÉ
La Marsellaise (1967)

VERSIONES (ENLACES EXTERNOS)
EN FRANCÉS
[Versión de Michel Hermon >>>]


LA MARSELLESA
Letra y música: Léo Ferré

Je connais une grue sur le Vieux Port
Avec des dents longues comme la faim
Et qui dégrafe tous les marins
Qu'ont l'âme chagrine et le coeur d'or
C'est à Marseille que je vais la voir
Quand le soleil se fout en tweed
Et que le mistral joue les caïds
C'est à Marseille qu'elle traîne le soir
Elle a des jupes à embarquer
Tous les chalands qui traînent la nuit
Et des froufrous qui font tant de bruit
Qu'on les entend au bout du quai
Il suffit d'y mettre un peu de soi
C'est une putain qu'aime que la braise
Et moi je l'appelle la Marseillaise
C'est bien le moins que je lui dois

Arrête un peu que je vois
Su tu fais le poids
Et si j'en aurai pour mon fric
Arrête un peu que je vois
Si les étoiles couchent avec toi
Et tu me diras
Combien je te dois

Je connais une grue dans mon pays
Avec les dents longues comme le bras
Et qui se tapait tous les soldats
Qu'avaient la mort dans leur fusil
C'est à Verdun qu'on peut la voir
Quand les souvenirs se foutent en prise
Et que le vent d'est pose sa valise
Et que les médailles font le trottoir
Elle a une voix à embarquer
Tous les traîne-tapins qu'elle rencontre
Et il paraît qu'au bout du compte
Ça en fait un drôle de paquet
Il suffit d'y mettre un peu de soi
Au fond c'est qu'une chanson française
Mais qu'on l'appelle la Marseillaise
Ça fait bizarre dans ces coins-là

Arrête un peu que je vois
Si t'as de la voix
Si j'en aurais pour mes galons
Arrête un peu que je vois
Et puis que j'abreuve tous vos sillons
Et je vous dirai
Combien ça fait

Je connais une grue qu'a pas de principes
Les dents longues comme un jour sans pain
Qui dégrafait tous les gamins
Fumant leur vie dans leur casse-pipe
C'est dans les champs qu'elle traîne son cul
Où y'a des croix comme des oiseaux
Des croix blanches plantées pour la peau
La peau des autres bien entendu
Celle-là on peut jamais la voir
A moins d'y voir les yeux fermés
Et le périscope dans les trous de nez
Bien allongé sous le boulevard
Suffit de leur filer quatre bouts de bois
Et de faire leur lit dans un peu de glaise
Et de leur chanter la Marseillaise
Et de leur faire une belle jambe de bois

Arrête un peu tes cuivres
Et tes tambours
Et ramène moi l'accordéon
Arrête un peu tes cuivres
Que je puisse finir ma chanson
Le temps que je baise
Ma Marseillaise

Conozco una ramera en el viejo puerto
con dientes largos como el hambre
que desabotona a todos los marineros
de alma en pena y corazón de oro.
Es a Marsella donde voy a verla
cuando el sol se viste de tweet(1)
y el mistral juega a los caíds.(2)
Es en Marsella donde deambula por la tarde
lleva unas faldas que engatusan
a todos los chalanes que deambulan de noche
y frufrús que hacen tanto ruido
que se les oye desde el extremo del muelle.
Basta con poner un poco de sí
es una puta que solo ama la brasa
y yo la llamo la Marsellesa
eso es lo mínimo que le debo.

Para un poco, que vea
si das la talla
y si vales lo que pagaré.
Para un poco, que vea
si las estrellas se acuestan contigo
y me dirás
cuánto te debo.

Conozco una ramera en mi país
con dientes largos como los brazos
y que se tiraba a todos los soldados
que llevaban la muerte en su fusil.
Puedes verla en Verdún(3)
donde los recuerdos se meten en jaque
y donde el viento del Este deja su maleta
y donde las medallas hacen la acera.
Tiene una voz como para engatusar
a todos los caza-rameras que encuentra
y parece ser que al fin de cuentas
son un buen puñado.
Basta con poner un poco de sí
en el fondo no es más que una canción francesa
pero que la llamen la Marsellesa
resulta extraño en aquellos rincones.

Para un poco, que vea
si tienes voz
si valdrás mis galones
Para un poco, que vea
y luego que abreve todos tus surcos
y te diré
cuánto es.

Conozco una ramera que no tiene principios
con dientes largos como un día sin pan
que desabotonaba a todos los críos
que se fumaban la vida en su pipa de guerra(4)
Arrastra el culo por los campos
donde hay cruces como pájaros
cruces blancas plantadas por la piel
la piel de los otros, por supuesto.
A esa nunca se la puede ver
a menos que veas con los ojos cerrados
y con el periscopio en las fosas nasales.
Bien recostado bajo el bulevar
basta con pasarles cuatro pedazos de madera
y hacerles la cama en un poco de arcilla
y cantarles la Marsellesa
y hacerles una bonita pierna de madera.

Para un poco tus cobres
y tus tambores
y devuélveme el acordeón.
Para un poco tus cobres
que pueda terminar mi canción
el tiempo que me folle
a mi Marsellesa.

(1) Tejido de paño escocés, cálido, fuerte y resistente, que rechaza el agua.
(2) En el antiguo reino de Argel y otros países musulmanes, especie de juez o gobernador.
(3) La de Verdún fue la batalla más larga y una de las más cruentas de la Primera Guerra Mundial.
(4) «Aller au casse-pipe» significa «ir la la guerra»; «casser sa pipe » significa «ir a morir».

LÉO FERRÉ
La vie d’artiste (1950)

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LA VIDA DE ARTISTA
Letra: Francis Claude/Léo Ferré - Música: Léo Ferré

Je t'ai rencontrée par hasard,
Ici, ailleurs ou autre part,
Il se peut que tu t'en souviennes.
Sans se connaître on s'est aimés,
Et même si ce n'est pas vrai,
Il faut croire à l'histoire ancienne.
Je t'ai donné ce que j'avais
De quoi chanter, de quoi rêver.
Et tu croyais en ma bohème,
Mais, si tu pensais à vingt ans
Qu'on peut vivre de l'air du temps,
Ton point de vue n'est plus le même.

Cette fameuse fin du mois
Qui depuis qu'on est toi et moi,
Nous revient sept fois par semaine
Et nos soirées sans cinéma,
Et mon succès qui ne vient pas,
Et notre pitance incertaine.
Tu vois je n'ai rien oublié
Dans ce bilan triste à pleurer
Qui constate notre faillite.
Il te reste encore de beaux jours
Profites-en mon pauvre amour,
Les belles années passent vite.

Et maintenant tu vas partir,
Tous les deux nous allons vieillir
Chacun pour soi, comme c'est triste.
Tu peux remporter le phono,
Moi je conserve le piano,
Je continue ma vie d'artiste.
Plus tard sans trop savoir pourquoi
Un étranger, un maladroit,
Lisant mon nom sur une affiche
Te parlera de mes succès,
Mais un peu triste toi qui sais
Tu lui diras que je m'en fiche...
Que je m'en fiche...

Te encontré por casualidad
aquí, allá o en otra parte,
tal vez lo recuerdes.
Sin conocernos nos amamos,
e incluso aunque no sea cierta,
hay que creer la vieja historia.
Te di cuanto tenía:
con qué cantar, con qué soñar.
Y tú creías en mi bohemia,
pero, si a los veinte años pensabas
que se puede vivir del aire,
tu punto de vista ya no es el mismo.

Este famoso fin de mes
que, desde que estamos juntos,
vuelve siete veces por semana,
y nuestras noches sin cine,
y mi éxito que no llega,
y nuestra pitanza incierta.
Ya lo ves, no he olvidado nada
de este balance triste hasta el llanto
que constata nuestro fracaso.
Aún te quedan hermosos días:
aprovéchalos, mi pobre amor,
los buenos años pasan deprisa.

Y ahora te vas a ir.
Ambos envejeceremos,
cada uno por su lado, qué triste.
Puedes llevarte el tocadiscos,
yo me quedo con el piano.
Sigo con mi vida de artista.
Más tarde, sin saber demasiado porqué,
un extranjero, un torpe,
leyendo mi nombre en un cartel
te hablará de mis éxitos.
Pero un poco triste, tú que me conoces,
le dirás que me importan un bledo…
que me importan un bledo...

LÉO FERRÉ
La tristesse (1980)


LA TRISTEZA
Letra y música: Léo Ferré

La tristesse a jeté ses feux rue d'Amsterdam
Dans les yeux d'une fille accrochée aux pavés
Les gens qui s'en allaient dans ce Paris de flamme
Ne la regardaient plus, elle s'était pavée
La tristesse a changé d'hôtel et vit en face
Et la rue renversée dans ses yeux du malheur
Ne sait plus par quel bout se prendre et puis se casse
Au bout du boulevard comme un delta majeur

C'est un chat étendu comme un drap sur la route
C'est ce vieux qui s'en va doucement se casser
C'est la peur de t'entendre aux frontières du doute
C'est la mélancolie qu'a pris quelques années
C'est le chant du silence emprunté à l'automne
C'est les feuilles chaussant leurs lunettes d'hiver
C'est un chagrin passé qui prend le téléphone
C'est une flaque d'eau qui se prend pour la mer

La tristesse a passé la main et court encore
On la voit quelquefois traîner dans le quartier
Ou prendre ses quartiers de joie dans le drugstore
Où meurent des idées découpées en quartiers
La tristesse a planqué tes yeux dans les étoiles
Et te mêle au silence étoilé des années
Dont le regard lumière est voilé de ces voiles
Dont tu t'en vas drapant ton destin constellé

C'est cet enfant perdu au bout de mes caresses
C'est le sang de la terre avorté cette nuit
C'est le bruit de mes pas quand marche ta détresse
Et c'est l'imaginaire au coin de la folie
C'est ta gorge en allée de ce foulard de soie
C'est un soleil bâtard bon pour les rayons " X "
C'est la pension pour un dans un caveau pour trois
C'est un espoir perdu qui se cherche un préfixe

Le désespoir...

La tristeza ha prendido fuego en la calle Amsterdam(1)
En los ojos de una chica agarrada a los adoquines
La gente que pasaba por este París de ardor
Ya no la miraba, se había pavimentado.
La tristeza ha cambiado de hotel y vive enfrente
Y la calle volcada en sus ojos de desgracia
No sabe ya por donde agarrarse y se rompe
Al final del bulevar como un delta mayor.

Es un gato extendido como un paño en la carretera
Es ese viejo que se va suavemente a romperse
Es el miedo de oírte en las fronteras de la duda
Es la melancolía que se ha tomado algunos años
Es el canto del silencio tomado prestado al otoño
Es las hojas calzándose sus gafas de invierno
Es una tristeza pasada que coge el teléfono
Es un charco de agua que se cree el mar.

La tristeza ha pasado la mano y corre aún
Se la ve algunas veces callejeando por el barrio
O tomarse sus gajos de alegría en el drugstore
Donde mueren ideas cortadas en pedazos
La tristeza ha ocultado tus ojos en las estrellas
Y te mezcla con el silencio estrellado de los años
Cuya mirada-luz está velada con esos velos
Del que te vas cubriendo tu destino constelado.

Es este niño perdido al final de mis caricias
Es la sangre de la tierra abortada esta noche
Es el ruido de mis pasos cuando camina tu infortunio
Y es lo imaginario en el rincón de la locura
Es tu garganta oculta por este fular de seda
Es un sol bastardo bueno para los rayos “X”
Es la pensión para uno en un panteón para tres
Es una esperanza perdida que se busca un prefijo.

La desesperación…


(1) La calle Amsterdam de París arranca en la Place de Clichy, zona de espectáculos nocturnos y de prostitución.

LÉO FERRÉ
Mr William (versión)

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SEÑOR WILLIAM
Letra: Jean Roger Caussimon – Música: Léo Ferré

C'était vraiment un employé modèle
Monsieur William
Toujours exact et toujours plein de zèle
Monsieur William
Il arriva jusqu'à la quarantaine
Sans fredaine
Sans le moindre petit drame...
Mais un beau soir du mois d'août
Il faisait si bon, il faisait si doux
Que Monsieur William s'en alla
Flâner droit
devant lui
au hasard
et voilà !...

Monsieur William ! Vous manquez de tenue !
Qu'alliez-vous fair' dans la treizième av'nue ?...

Il a trouvé une fill' bien jeunette
Monsieur William
Il lui a payé un bouquet de violettes
Monsieur William
Il l'a suivie à l'hôtel de la Pègre
Mais un nègre
A voulu prendre la femme...
Monsieur William, hors de lui
Lui a donné des coups de parapluie
Si bien que l'autre, dans le noir
Lui a cou-
pé le cou
en deux coups
de rasoir...

Monsieur William ! Vous manquez de tenue !
Qu'alliez-vous fair' dans la treizième av'nue ?...

Il a senti que c'est irrémédiable
Monsieur William
Il entendit déjà crier le Diable
-Monsieur William !
Mais ce n'était que le chant monotone
D'un trombone
Chantant la peine des âmes
Un aveugle, en gémissant
Sans le savoir, a marché dans le sang
Et dans la nuit, a disparu...
C'était p't-êtr'
le Destin
qui marchait
dans les rues...

Monsieur William ! Vous manquez de tenue !
Qu'alliez-vous fair' dans la treizième av'nue ?...

Era un verdadero empleado modelo
el señor William
Siempre puntual y siempre lleno de celo
el señor William
Llegó a los cuarenta
sin tribulaciones
sin el mínimo percance…
Pero un bello atardecer del mes de agosto
hacía un tiempo tan bueno y apacible
que el señor William salió
a caminar
llevando sus pasos
al azar
¡y ya ves!...

¡Señor William! ¿Acaso perdió el juicio?
¿Qué fue a hacer a la 13ª avenida?

Encontró una jovencita
el señor William
Le compró un ramito de violetas
el señor William
La siguió hasta el hotel del Hampa…
Pero un negro
le quiso quitar la mujer…
el señor William, fuera de sí
le propinó unos golpes de paraguas
de modo que el otro, en la oscuridad,
le cor-
tó el cuello
con dos golpes
de navaja…

¡Señor William! ¿Acaso perdió el juicio?
¿Qué fue a hacer a la 13ª avenida?

Sintió que era irremediable
El señor William
Escuchó gritar al diablo:
- ¡Señor William!
Pero no era más que el canto monótono
de un trombón
cantando la pena de las almas
un ciego, gimiendo,
sin saberlo pisó la sangre
y desapareció en la noche…
era tal vez
el Destino
que caminaba
por las calles…

¡Señor William! ¿Acaso perdió el juicio?
¿Qué fue a hacer a la 13ª avenida?

LÉO FERRÉ
Avec le temps (1970)

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CON EL TIEMPO
Letra y música: Léo Ferré

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Même les plus chouettes souv'nirs ça t'as une de ces gueules
A la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi l'on s'traînait comme traînent les chiens
Avec le temps, va, tout va bien

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment... avec le temps... on n'aime plus

Con el tiempo…
Con el tiempo, va, todo se va
Olvidas el rostro y olvidas la voz
Cuando el corazón no late ya, no vale la pena ir
A buscar más lejos, hay que dejar hacer y ya va bien

Con el tiempo…
Con el tiempo, va, todo se va
Aquella que adorabas, que buscabas bajo la lluvia
Aquella a la que adivinabas en el recodo de una mirada
Entre las palabras, entre las líneas y bajo el colorete
De un juramento maquillado que se va a hacer la noche
Con el tiempo todo se desvanece

Con el tiempo…
Con el tiempo, va, todo se va
Incluso los mejores recuerdos, pones una de esas caras
En los almacenes revuelvo en las secciones de la muerte
El sábado por la tarde cuando la ternura se marcha sola

Con el tiempo…
Con el tiempo, va, todo se va
Aquella a la que creías por un catarro, por una tontería
Aquella a la que dabas viento y joyas
Por la que hubieras vendido el alma por unas monedas
Delante de la cual te arrastrabas como se arrastran los perros
Con el tiempo, va, todo va bien

Con el tiempo…
Con el tiempo, va, todo se va
Se olvidan las pasiones y se olvidan las voces
Que te decían bajito las palabras de las pobres gentes
No vuelvas demasiado tarde, sobre todo no cojas frío

Con el tiempo…
Con el tiempo, va, todo se va
Y te sientes pálido como un caballo extenuado
Y te sientes helado en una cama de azar
Y te sientes solo tal vez pero tranquilo
Y te sientes timado por los años perdidos
Entonces realmente… con el tiempo… ya no se ama

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